Publié : 30 octobre 2024 à 11h39 par La rédaction
Rencontre avec Michel André, distillateur
En Lozère, le tout dernier alambic encore en fonction est à Sainte-Croix vallée française, en plein cœur des Cévennes.
C'est une tradition qu'on pense souvent perdue et pourtant, elle est toujours vivante. En Lozère, le tout dernier alambic encore en fonction est à Sainte-Croix-Vallée-Française, en plein cœur des Cévennes. Construit en 1932, il est en pleine restauration grâce à une cagnotte leetchi. Il sera de nouveau opérationnel pour la saison de la distillation, en janvier prochain. Hélène Gosselin a rencontré Michel André, dans un petit cabanon en pierre en-dessous de l'église.
Le bouilleur de cru, c'est celui qui porte dans la matière. Moi, je suis distillateur.
L'alambic a été fabriqué à Montpellier en 1932. Il est constitué de trois pièces. Celle du milieu, la colonne de concentration, est actuellement refaite à l'identique par des dinandiers, à l’Atelier Lagorsse situé en Dordogne.
Là-dedans, on met le produit distillé. On fait chauffer : il faut savoir que l'alcool s'évapore à 70° et l'eau à 100. Alors, on va jouer sur cette différence pour essayer de faire partir dans le système que de la vapeur d'alcool, pas pur, mais presque. Tout se fait à l'oreille, c'est une habitude à prendre.
Et l'habitude, Michel André l'a depuis 1964.
Je suis revenu de l'armée, j'avais 20 ans. J'ai aidé l'ancien propriétaire à faire sa campagne. À la fin de la campagne, il m'a dit moi, je suis trop vieux, il te faut me racheter l'alambic. J'ai dit oui, mais manque de pot, je n'étais pas majeur à l'époque. Il fallait avoir 21 ans. C'est donc mon père qui a acheté l'alambic, parce que je n'avais pas le droit. Et il ne s'est pas arrêté, pendant soixante ans.
Pour la relève, Michel André peut compter sur son petit-fils. Pour la suite de la restauration, un bilan sera réalisé bientôt pour perpétuer la tradition le plus longtemps possible.
Depuis le 1ᵉʳ janvier dernier, les bouilleurs de cru, c'est-à-dire les propriétaires d'arbres fruitiers, peuvent faire distiller 50 litres d'alcool par an, sans payer de taxe.