18 novembre 2024 à 7h38 par Fanny Paul

Vous n’êtes plus à Saint-Flour, mais à Sao Paulo : les agriculteurs en colère commencent les actions

FDSEA ET JA Cantal ont recouvert les panneaux de certaines villes et villages avec les noms de villes d’Amérique du Sud. Ils dénoncent ainsi le projet de ratification par l’Union Européenne du Mercosur.

brazilia mercosur cantal
brazilia mercosur cantal
Crédit : Fanny Paul

Sao Paulo, Brazilia, Ushuaïa, La Paz… Les villes et villages du Cantal rebaptisés dans la nuit par la FDSEA et les JA. Ils dénoncent ainsi le projet de ratification par l’Union Européenne du Mercosur. Ce traité européen de libre-échange, soumis au vote dans les semaines qui viennent prévoit notamment l’entrée de viande bovine d’Amérique du Sud sans traçabilité.

"Tout est possible"

Une concurrence déloyale pour les éleveurs français. La France s’y oppose. Mais que se passera-t-il si cet accord est signé ? Les tracteurs iront-ils à Bruxelles ? "Tout est possible, explique Joël Piganiol président de la FDSEA du Cantal. Après, il faut prendre les étapes les unes après les autres, faut faut voir ce qu'il advient. Moi je pense aussi qu'il peut y avoir des remises en cause parce qu'on voit que l'échiquier politique mondial est en train de bouger à nouveau avec l'arrivée de Donald Trump qui va engager un protectionnisme d'ampleur pour son pays. Donc pourquoi l'Europe reste sur une attitude aussi ouverte alors que tous tous les pays, les blocs continentaux sont en train de protéger des secteurs dits stratégiques. Pour nous, le secteur alimentaire en Europe et en France, il devrait être largement protégé comme le font les autres États."

Désaveu politique

Emmanuel Macron a affirmé dimanche depuis Buenos Aires que la France ne "signerait pas en l'état" le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, disant vouloir "rassurer les agriculteurs" et "continuer" de s'y opposer… Les enjeux politiques sont pourtant importants pour Joël Piganiol. "À nous, clairement, la signature d'un accord serait l'identification d'une vraie faillite politique. Parce que là, aujourd'hui, ceux qui sont à la négociation, ce sont des hauts-commissaires européens, des gens qui ont une latitude qui est liée à leur mission. Mais sur le point politique, il y a quand même des vraies dissensions au niveau européen. La France l'exprime de manière très récurrente, d'autres pays aussi. A contrario, on sait que l'Allemagne aujourd'hui est très engagée sur cette signature, mais on voit bien que l'Europe n'est pas unie là-dessus et on imagine même pas qu'un accord puisse aboutir. Ça serait pour nous un desaveu politique total."

Les syndicats majoritaires poursuivent leurs actions. Des radars ont également été bâchés dans le départements. Ce soir des « feux de la colère » vont briller à Saint-Flour et Aurillac.