3 octobre 2024 à 19h29 par Stéphane Jacquemin
« On fait mal notre travail, on est maltraitant aujourd'hui »
Ce mardi, durant 24h, un mouvement de grève a été initié au sein de l’EHPAD de Mansac. Le manque de personnel et des conditions de travail dégradées sont pointés du doigt
Le manque de personnel, le manque de moyens, la problématique est régulièrement soulevée dans les établissements de santé. Ce jeudi, plus des 3/4 du personnel de l’EHPAD Charles Gobert, à Mansac étaient en grève à l'appel de la CFTC et de la CGT. Une forme d’alerte et un appel aux pouvoirs publics
« Le mal-être de tout le personnel, c’est qu’on fait mal notre travail, on est maltraitant aujourd'hui »
Virginie le reconnaît, ses mots sont forts. Cette aide-soignante travaille au sein de l'EHPAD Charles Gobert de Mansac depuis 14 ans et en 14 ans, son travail a considérablement évolué.
« Les résidents entrent à l'EHPAD de plus en plus tard. Ils restent chez eux un maximum donc ils rentrent ici, ils ont besoin de beaucoup d'aide, notamment pour manger et le personnel n’a pas évolué. On ne peut plus prendre le temps de faire manger les gens, on passe notre temps à leur demander de se dépêcher de se laver, de se dépêcher de s'habiller, de se dépêcher de manger. Et à 90 ans passés, c'est pas c'est pas gérable. »
L’EHPAD de Mansac accueille 80 résidents et compte aujourd'hui 50 salariés, dont seulement une vingtaine de personnels de soins, précise Vanessa Feliu, aide médico-psychologique depuis 20 ans.
« Normalement nous sommes 2 par étage, c'est à dire 2 pour 35 personnes et l’après-midi souvent 1 pour 35 ». Celle qui est aussi déléguée syndical CFTC, estime que 9 personnels supplémentaires sont nécessaires :
« Aujourd’hui on est dans des conditions de travail complètement dégradées. C'est à dire que on n’honore pas les soins des résidents. On n’est plus du tout dans la bienveillance »
Les résidents, premiers impactés
Les conséquences, ce sont les résidents qui en pâtissent, comme Maria Judith, la maman de Sylvie : « quand ils s’occupent par exemple de la toilette de ma maman, ça va vite donc on retrouve des vêtements dégradés, des bijoux cassés »
« Ma maman est handicapée et elle ne prend jamais de douche. C’est une douche au lit, on appelle ça, mais pour moi c'est pas une douche, c’est une toilette au lit, pour une personne handicapée, ça manque en fait ».
Face à cette situation, Sylvie a alerté l'ARS, elle a même écrit à la Ministre et au Président de la République. L'hébergement de sa mère au sein de l'EHPAD revient chaque mois à 2300€.