Publié : 19 novembre 2024 à 0h37 par Stéphane Jacquemin
Colère agricole : tension à la Chambre d’Agriculture de la Corrèze
Une action de la Confédération Paysanne contre l’agrivoltaïsme a abouti ce lundi à l’ajournement de la session ; le syndicat a de son côté, porté plainte pour des propos injurieux.
La Confédération Paysanne a profité de la tenue ce lundi de la session de la Chambre d’Agriculture pour marquer son opposition au déploiement du photovoltaïque dans le monde agricole. Une centaine de manifestants étaient présents.
La session de la consulaire a finalement été ajournée ; la Confédération paysanne a de son côté, porté plainte au commissariat de Tulle pour des propos jugés diffamant.
Agrivoltaïsme : 2 visions opposées
Si la Confédération Paysanne a dans son ADN, l’opposition au Mercosur, ce lundi, à Tulle le message est bien différent : « On est là, la Confédération paysanne, parce que notre projet c'est d'installer des paysans, c'est pas d'installer des panneaux dans les fermes » lance au micro à la centaine de manifestants, Laurence Marandola, la porte parole du syndicat :
« Pour vivre nous paysans, on ne devrait pas avoir besoin d'aller chercher du revenu complémentaire fourni par de l'énergie ».
La Confédération paysanne est opposée à l'agrivoltaïsme, cette opportunité pour les exploitants de cumuler agriculture prioritaire et production d'énergie et le choix d'une action à Tulle n'est pas anodin.
« Il s'est créé en Corrèze une SAS « foncière rurale de la Corrèze » pour promouvoir le développement de l'agrivoltaïsme et cette foncière, elle a été créée par des acteurs du monde agricole, c'est scandaleux » précise Laurence Marandola
Chambre d'agriculture, FNSEA et Safer sont pointés du doigt. À la Chambre justement, le président Daniel Couderc explique défendre principalement le photovoltaïque en toiture,
« Après, sur le photovoltaïque au sol, on a fait des propositions sur des lieux qui n’ont aucun intérêt pour l'agriculture, aucun intérêt pour la forêt (…) comme des anciennes carrières, des laissés de route ».
Au total, au sol, ce sont 300 mégawatts qui sont exploitables à l'horizon 2030-2035 précise Daniel Couderc. Quant à cette « foncière rurale de la Corrèze », elle est un moyen de contrer les porteurs de projets privés explique le président :
« Aujourd'hui, il y a beaucoup, beaucoup de personnes qui sont démarchées, qui signent des bons emphytéotiques et sur notre département. Aujourd'hui, ces bons emphytéotiques sont en train de bloquer à peu près 8000 hectares qui demain, ne seront pas proposés à l'installation de jeunes ou à la succession des anciens ».
Pas d’unité dans la colère du monde agricole
Avant que la session de la Chambre ne soit interrompue, Daniel Couderc déplorait, à travers l’action de la Confédération Paysanne, une attaque « d’agriculteurs contre des agriculteurs ».
« Il n’y a pas d’unité paysanne » nous rétorque Laurence Marandola, « je le dis très factuellement (...) À la Confédération Paysanne, on pense qu’il faut reposer l’ensemble des politiques agricoles pour garder des agriculteurs nombreux, des campagnes vivantes et c’est peut-être pas l’objectif des autres syndicats ».
Session ajournée et plainte déposée
Au début de la session de la Chambre, un élu de la Confédération Paysanne a pu expliquer le pourquoi de la mobilisation. Les débats ont ensuite repris mais un représentant FDSEA aurait vivement critiqué leur attitude évoquant « des méthodes nazies ». Des propos qui ont abouti selon l’AFP, à un dépôt de plainte du syndicat incriminé au commissariat de Tulle.
Du côté de la Chambre d’Agriculture, on dénonce l’intrusion au moment des questions d’actualité de la session de « plusieurs militants de la Confédération Paysanne » au sein de l'enceinte (….). La session a donc été ajournée, la consulaire ajoute regretter « ce blocage délibéré du système démocratique ».