L'estimation a été relevée "après des analyses complémentaires", a précisé la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) en charge de la préparation de ce plan qui doit être présenté le 18 septembre. L'évaluation pour 2022 a également été revue de 926 provisoire à 1.096 définitif.
Coïncidence, l'annonce de cette révision survient alors que deux louveteaux viennent d’être observés dans la réserve naturelle de la Haute-Chaîne du Jura, "premier cas de reproduction observé depuis plus d'un siècle dans l’Ain", selon un communiqué de la préfecture de ce département. Ce sont les agents de cette réserve nationale, participant au suivi de l’espèce en lien avec l’Office Français de la Biodiversité (OFB) qui ont détecté leur présence, selon la même source.
Nouveau Plan
Le plan 2018-2023 arrivant à échéance, le nouveau plan 2024-2029 assorti d'un nouveau protocole de tir incluant prélèvement et défense doit être présenté par la préfète de la région Aura au Groupe national Loup (GNL).
Le comptage des loups gris, les mesures pour protéger l'espèce revenue en France par l'Italie après avoir été exterminée et les droits de tirs accordés à titre strictement dérogatoire pour protéger les troupeaux, suscitent une grande attente chez les éleveurs, très remontés contre les prédateurs.
"Il y a 5 ou 6 ans, on était à 600 et on est aujourd'hui à 1.100. Il y a manifestement une dynamique de population qui est très forte. Il faut que ce soit compatible avec les activités d'élevage sinon on n'y arrivera pas. Ces questions seront posées au niveau national et au niveau européen", a déclaré mercredi le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau.
"On a sauvé l'espèce et on devrait s'en féliciter", a-t-il dit. La question est "comment on continue à protéger cette espèce et qu'elle soit classée de manière à ce que les modalités de gestion soient un peu différentes d'aujourd'hui. Parce qu'on a besoin de pastoralisme pour préserver la biodiversité, pour lutter contre l'enfrichement et les incendies de forêt".
La réévaluation du nombre de loups "confirme le ressenti des éleveurs qui subissent la pression de prédation au quotidien et des constats en augmentation de 10% du 1er janvier au 31 août 2023", a réagi Claude Font, éleveur de brebis en Haute-Loire et représentant de la Fédération Nationale Ovine (FNO).
Elle "va permettre d'avoir davantage de prélèvements autorisés pour protéger nos troupeaux et nos activités pastorales", a-t-il souligné, en réclamant un nouveau mode de comptage et une évolution du protocole des tirs de défense.
De son côté l'association écologiste Ferus s'est déclarée "un peu dubitative sur ce recalibrage".
"Nous donnons chaque année un chiffre provisoire, mais il faut le temps de faire des analyses génétiques sur les indices, qui permettent de finaliser les chiffres de l’année dernière", a expliqué Loïc Obled, directeur général délégué de l'OFB, en charge de ce suivi.
L'évaluation est réalisée à partir d'indices (traces, hurlements, analyses génétiques, etc.), les animaux étant très difficiles à détecter par simple observation visuelle directe, selon l'OFB.
La parole innatendue de l'Europe
La réévaluation de la population loup en France intervient quelques jours après une mise en garde de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. "La concentration de meutes de loups dans certaines régions européennes est devenue un réel danger pour le bétail et, potentiellement, pour l'homme", a-t-elle dit en évoquant une possible évolution du statut de protection du loup au sein de l'UE.
Ces propos ont "réjoui" le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau qui plaide pour limiter à 500 leur nombre dans l'hexagone. "On attend le prochain plan loup avec la plus grande impatience. On ne peut pas, quand on est agriculteur, produire des animaux, que ce soit des ovins ou des bovins, et se lever le matin et voir ses animaux allongés dans le pré", a-t-il dit mardi au congrès du syndicat des entreprises d’abattage-découpe (Culture Viande).
Avec AFP