"Il est rare que les règles Natura 2000 seules bloquent un projet"

Pendant cette semaine précédant les élections européennes, nous déclinons les sujets sur l'Europe telle qu'elle nous touche directement dans notre quotidien ou nos territoires.

L'Europe, c'est aussi tout un volet sur la question de la préservation de l'environnement avec notamment les zones Natura 2000. Alors, de quoi s'agit-il ? Quels sont leurs règles ? Leurs atouts ? Est-ce que ces zones imposent des contraintes excessives aux collectivités, aux agriculteurs ? 

Nous avons rencontré Martin Delaunay, chargé de mission Natura 2000, au sommet du truc de Grèzes, sur une pelouse calcaire à orchidées. 

"C'est une pelouse qui n'est pas forcément rare ici en Lozère, mais elle l'est au niveau européen. C'est un habitat que l'on retrouve sur les pentes des causses, c'est un milieu très sec et peu productif donc elles ne sont pas exploitées. C'est la raison pour laquelle on va y prêter un intérêt, pour les laisser les plus ouverts possible. Si on ne fait rien, la végétation va revenir, les ligneux vont repousser et on va perdre l'habitat d'orchidées qui sont parfois rares". 

Pour préserver ces milieux spécifiques, Natura 2000 va imposer quelques règles. Par exemple les organisateurs d'une course de trail ou de moto cross doivent évaluer l'impact de leur passage sur les espèces de la zone protégée, idem pour une commune qui voudrait construire un lotissement ou détruire un bâtiment...

"C'est tout de même très rare que les règles Natura 2000 bloquent à elles seules un projet", tient à souligner Martin Delaunay. 

Quant aux terrains agricoles, ce n'est pas directement le zonage Natura 2000 qui les impacte, contrairement à ce qu'il a parfois été dit pendant la crise récente. 

"Sur les sites Natura 2000, on peut mettre en place des projets agro-environnementaux et climatiques avec les agriculteurs. ils s'engagent alors à faire évoluer leurs pratiques sur certaines parcelles. Il peuvent obtenir des aides supplémentaires de l'Europe grâce à ce programme. Ensuite, il existe le zonage "prairies sensibles" qui est détaché de Natura 2000 mais qui est basé sur le même zonage. Ce classement en prairies sensibles empêche le retournement des terres qui n'ont pas été retournées depuis plus de cinq ans. Et cela nous pose un vrai problème parce que cela bloque vraiment des parcelles sur lesquelles nous n'avions aucun outil règlementaire propre à Natura 2000 et où les agriculteurs pouvaient faire ce qu'ils voulaient." 

Une confusion délétère, d'autant que les contrats passés avec Natura 2000 sont réalisés sur la base du volontariat et financés à 100% par l'Europe et l'Etat.