Publié : 26 février 2025 à 10h15 par Hélène Gosselin

Collages féministes : une façon de rendre les messages visibles par un maximum de gens

Reportage avec des colleuses lozériennes lors d'une opération nocturne le long de la RN 106

Le long de la RN106 en Lozère, il faut faire vite pour coller le message "Céder n'est pas consentir"

Crédit : Hélène Gosselin Totem

C'est un mouvement qui existe dans de nombreuses villes en France et dans le monde. Les collages féministes sont apparus dans l'Hexagone en 2016 et n'ont cessé de se multiplier depuis. En Lozère aussi, des femmes et des hommes ont adopté ce mode d'expression pacifiste et militant. Hélène Gosselin a rencontré deux des initiatrices du mouvement aux alentours de Mende. Elle les a suivies mardi 25 février lors d'une opération nocturne.


Première étape, la préparation des affichettes des feuilles A4, de la peinture noire, des pinceaux et c'est parti. Chloé et Paula* sont à l'origine du groupe des colleuses féministes de Lozère. 



Il y avait eu "Riposte féministe", un film documentaire sur les colleuses et du coup j'ai dit à Paula : c'est ça qu'il faut qu'on fasse. Et je pense qu'une semaine après, on faisait notre premier collage. 



C'était en 2021 et depuis les activistes ont fait des émules. Près de quarante personnes font partie de leur groupe en ligne. L'objectif de ce soir est un parapet en béton le long d'un virage sur la RN 106, près de Balsièges.



Il faut que ce soit lisible par le plus grand nombre de personnes, donc là c'est bien, c'est un lieu de passage. Nous allons coller "Nous sommes la voix de celles qui n'en ont plus". Il faut qu'on aille hyper rapidement parce qu'il n'y a pas trop d'espace entre la route et le mur, se dépêche Paula 



 


Chloé rajoute : "Il est arrivé que des gens nous menacent d'appeler la police aussi. 


Elles savent ce qu'elles risquent.



Vu que c'est pas du graffiti, pas grand chose. Ou au pire c'est 64€ d'amende. Les premiers coups ont sauté par-dessus le mur et on se planquait. De moins en moins, on se planque ! 



Le mois dernier, plusieurs membres du groupe se sont fait arrêtées à Mende sur dénonciation et la mairie a porté plainte. Mais elles ne vont pas s'arrêter pour autant. Pour elles, les voix officielles ne sont pas suffisantes pour lutter contre les violences faites aux femmes. 



Elles sont rarement crues. Leur voix est toujours mise en doute. On leur dit "oui mais t'étais habillée comment ? Qu'est ce que tu avais fait ? Non, ça devrait pas se poser comme question, appuie Paula.


Il ne s'agit pas de protéger les filles, mais d'éduquer les garçons, poursuit Chloé. On trouve que le maximum de gens peuvent le voir de cette façon. Là, ça dérange apparemment parce que c'est rapidement enlevé, donc si ça dérange c'est qu'il faut continuer de le faire. 



Et il reste encore de nombreux messages à faire passer, d'après le dernier rapport du Haut Conseil à l'Egalité, qui a mis en évidence une hausse du masculinisme, notamment chez les jeunes.


Titre :Reportage collage féministe

Crédit :Hélène Gosselin Totem

Reportage collage féministe