Deux millions de personnes vivent le troisième âge sous le seuil de pauvreté, particulièrement les femmes et les personnes seules qui se retrouvent ainsi encore plus isolées, alerte le rapport annuel de l'association Les Petits frères des pauvres, publié lundi. Ce chiffre correspond aux personnes de 60 ans et plus qui vivent sous le seuil de pauvreté monétaire, un niveau relatif fixé à 60% du niveau de vie médian, soit 1.216 euros par mois pour une personne seule, 1.824 euros pour un couple, selon l'association. La pauvreté touchait 10,6% des 65-74 ans en 2022 contre 7,5% en 2017, selon l'Insee.
Divorces et séparations
Les femmes, qui vivent plus longtemps que les hommes, donc dans la solitude, sont plus exposées. En outre, le moindre travail des femmes parmi les générations plus âgées, des carrières hachées pour suivre leur mari en mutation professionnelle, des temps partiels pour s'occuper de leurs enfants ou de leurs proches, ont eu pour conséquences des pensions de retraite plus faibles. A cela s'ajoutent divorces et séparations qui réduisent leur niveau de vie. Si vivre seul expose à la pauvreté, celle-ci renforce l'isolement. Quatre personnes sur dix se sont privées d'aller au restaurant, de partir en vacances ou ont limité leurs déplacements au cours des 12 derniers mois, 26% se sont privé d'inviter leurs proches.
Le Cantal plus pauvre
Le Cantal se démarque avec le plus fort taux de pauvreté de la région Auvergne Rhône-Alpes : 16,2 % chez les plus de 75 ans. C’est ce que nous confirme Isabelle Sénacal responsable plaidoyer à l’association des petits Frères des Pauvres : "Le Cantal se démarque déjà parce que il y a une population vieillissante. Bon, c'est un constat global en France. Mais c'est vrai que le le Cantal c'est assez marqué, avec un fort taux de pauvreté des personnes âgées, tout particulièrement les plus âgées et un nombre important de personnes âgées qui vivent seules, de personnes de plus de 80 ans. Et on sait très bien que la pauvreté est encore plus importante sur les personnes qui vivent seules. Donc c'est vrai, ça fait beaucoup d'éléments qui font que le Cantal est fortement touché par la pauvreté des aînés". Dans le Cantal, le taux de pauvreté est de 13,5 % pour les 50-59 ans, 12,8 % sur les 60-74 ans
Une situation de pauvreté qui rime avec privation et condition de vie dégradée. Plus d’une personne âgée pauvre sur 2 ne bénéficie d’aucune aide et n’en demande pas selon Isabelle Sénacal. "Quand on est pauvre, on ne va pas aller forcément demander de l'aide parce que ça veut dire qu'on va dépendre de quelqu'un. Et puis qu'on peut entendre aussi plein de discours un petit peu stigmatisant sur les gens qui demandent des aides qui sont assistés. Nous ce qu'on constate, c'est l'immense dignité des personnes qui dépensent une énergie folle à essayer de vivre avec leurs leurs petits revenus. Et ils vont pas aller forcément demander de l'aide alors qu'il y a plein d'aides qui existent, au niveau national, régional, départemental et local. Et on sait pourtant que avec ces aides, elle pourrait vivre mieux, voire même des fois sortir de de la pauvreté."
Demandes
L'association demande de relever le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté. Cette prestation non contributive - c'est à dire sans être liée à une cotisation antérieure - qui permet aux personnes âgées d'accéder à un seuil minimal de ressources, est de 1.012 euros. Une mesure qui coûterait 2 milliards d'euros par an aux finances publiques, selon Yves Lasnier, le délégué général des Petits Frères des pauvres.