Publié : 3 décembre 2024 à 10h43 par Johan Gesrel
En crise la cave des vignerons du Brulhois en appelle au préfet
A Donzac (Tarn-et-Garonne), la cave coopérative du Brulhois est placée en procédure de sauvegarde depuis le mois d'août 2024. Le préfet Vincent Roberti s'est entretenu avec les viticulteurs ce lundi 2 décembre pour tenter de trouver des solutions économiques.
Le président de la cave Michel Delpech accueille le préfet Vincent Roberti.
Crédit : Johan GESREL
On vous en parle depuis déjà un certain temps : le monde du vin va mal. Plusieurs vignobles ont une fois de plus subi les intempéries cette année. Et face à la hausse des coûts et la baisse de consommation, certaines appellations commencent à arracher leurs vignes. A Cahors plus de 600 hectares, soit plus de 16% de l'appellation, vont disparaître. A cela s’ajoute les difficultés financières des caves coopératives. Exemple à Donzac où la cave du Brulhois a reçu ce lundi 4 décembre le préfet de Tarn-et-Garonne pour lui demander de l’aide. Après une rapide visite des chais, Vincent Roberti s'est mis autour de la table avec les coopérateurs ainsi que leur président Michel Delpech :
"On a dû réduire la voilure avec désormais 16 salariés. Ils étaient plus de 20 il y a trois ans à la cave. Si on continue à réduire la voilure on va avoir des conséquences sur les résultats. Nos coûts d'énergie sont passés de 17 à 38 000€. Le verre blanc qui sert à faire les bouteilles a pris 40% d'augmentation sans parler du carton."
"C'est la première fois que je ne récolte rien"
Autre problématique et pas des moindres, la coopérative fait face à des baisses de production liées aux intempéries. Jean-Jacques est viticulteur et coopérateur depuis la fin des années 80 à la cave de Donzac :
"J'ai douze hectares en production mais malheureusement là on est au pied du mur. Je subis beaucoup d'aléas climatiques sur mes vignes. Cette année 2024, c'est la première fois que je n'ai rien récolté. Bien sûr qu'il y a des assurances mais à force de répétition vous ne touchez plus rien. "
Effacer l'ardoise du Prêt garanti par l'Etat ?
Placée en procédure de sauvegarde, la cave du Brulhois n'a pas pu payer ses cooparateurs en 2023 et commence à peine à leur verser un accompte. Le Prêt Garanti par l’État contracté durant le Covid a commencé à être remboursé. La cave coopérative souhaiterait désormais que l'Etat puisse effacer le reste de l'ardoise. Sur ce point le préfet de Tarn-et-Garonne Vincent Roberti reste prudent :
"L'expert judiciaire demande si l'Etat peut abandonner 80% du Prêt Garanti par l'Etat contracté par la cave. A ce stade je ne peux répondre car c'est une décision qui ne m'appartient pas. Nous allons nous tourner vers le Ministère de l'Agriculture et des Finances pour voir si cette hypothèse est viable."
Loin de se laisser abattre, les vignerons du Brulhois tentent de s’adapter au marché en délaissant le rouge traditionnel pour le vin rosé plus vendeur l’été. Une cuvée solidaire a aussi été lancée à destination des consommateurs. Une cuvée baptisée tout simplement « une bouteille à la mer ».