Publié : 26 septembre 2024 à 17h49 par Johan Gesrel

Tarn-et-Garonne : l'agente soupçonnée de fournir les dossiers de mineures à un proxénète réintégrée

Dans le Tarn-et-Garonne, une secrétaire de l’Aide Sociale à l’Enfance a été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire. La justice la soupçonne d’avoir livré à son compagnon des informations confidentielles sur trois jeunes filles placées. L’homme a été arrêté pour proxénétisme et corruption sur mineurs.

Le conseil départemental de Tarn-et-Garonne
Le conseil départemental de Tarn-et-Garonne
Crédit : Johan GESREL

Une agente du conseil départemental du Tarn-et-Garonne a été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire pour « divulgation d’informations soumises au secret professionnel », confirme le parquet de Montauban. Cette fonctionnaire de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE 82) est soupçonnée d’avoir transmis à son compagnon des dossiers confidentiels sur trois jeunes filles placées. L’homme âgé d’une cinquantaine d’années, a été mis en examen pour viols, corruption de mineurs et proxénétisme. Il est a été placé en détention provisoire le 19 avril 2024.

 

Les trois mineures étaient prostituées via "coco.gg"

Grâce à ces informations, le quinquagénaire serait rentré en contact avec les trois adolescentes. Selon la Dépêche du Midi, l’homme aurait obtenu des faveurs sexuelles en échange de cadeaux et de sorties en discothèque. Par la suite, le suspect aurait prostitué les trois jeunes filles via le site de discussion en ligne coco.gg. Cette plateforme a été fermée sur décision de justice le 25 juin dernier.

 

Une réintégration jugée "scandaleuse"

Selon une note interne du conseil départemental de Tarn-et-Garonne adressée aux élus et que nous avons pu consulter, la collectivité indique avoir déposé plainte et avoir suspendu de ses fonctions l’agente mise en cause le 26 mars 2024 pour « faute professionnelle grave ». Le 26 juillet, soit quatre mois plus tard, la collectivité a adopté un arrêté actant sa réintégration « compte tenu de l’absence de poursuites pénales » et « conformément au code général de la fonction publique » indique cette note interne. Cette agente a alors été affectée au Laboratoire départemental en tant que secrétaire administrative et comptable. En parallèle, une procédure a été ouverte par le Conseil de discipline de la collectivité à l’encontre de l’agente.

Joints par TOTEM, plusieurs élus de la majorité comme de l’opposition jugent cette réintégration "scandaleuse". Ils reprochent surtout à la collectivité de ne pas avoir été informés de cette affaire plus tôt.

Trois jeunes filles traumatisées

 Contacté par la rédaction, Michel Weill, président du conseil départemental de Tarn-et-Garonne, estime avoir agi du mieux possible : 

"En l'absence d'éléments judiciaires, nous étions obligés de réintégrer cette agente comme le stipule le code général de la fonction publique. Nous avons pris soin de la placer dans un autre service, au Laboratoire départemental. Du fait de sa mise en examen, nous allons désormais engager une procédure en Conseil de Discipline avec l'appui d'un magistrat de l'ordre administratif. Depuis que les faits ont été portés à ma connaissance, nous avons pris soin de mettre à l'abri les trois jeunes filles qui sont traumatisées. Elles ont été placées en lieu sûr pour les protéger au maximum après ce qu'il s'est passé."