Quand le facteur livre...le repas !

Jeannette a 93 ans, elle vit aux Bichets de Juillac, un petit hameau aux confins de la Dordogne, en pleine campagne et au milieu des vergers de pommes du Limousin.

Ce jeudi, comme 5 fois par semaine, une factrice, Tatiana lui livre en début d’après midi ses repas du lendemain. Une solution devenue inexorable pour Jeannette : « je ne cuisine plus, je ne peux plus, je tremble, j’échappe tout... »

Un service qui permet à cette nonagénaire de rester chez elle : « on voulait me mettre à la maison de retraite...Non...J’ai vu monter la maison là, pierres par pierres par mon pauvre mari, donc je veux rester...essayer de rester dans ma maison ».

« Ils s’inquiètent pour nous et on s’inquiète pour eux »

Factrice depuis 1 an et demi, Tatiane Velho a basculé de la livraison de courrier vers celle des repas depuis 2 mois : « on n’est plus devant la boite aux lettres, on fréquente directement les gens, c’est trés agréable » précise la factrice.

Sur le secteur, Tatiane livre une trentaine d’aînés. Ils sont âgés de 70 jusqu’à plus de 100 ans pour deux d’entre eux. Une tournée quotidienne de 4h, 120 à 130km parcourus mais surtout un lien social crée et attendu explique Tatiane « ils attendent notre passage, c’est important pour eux (…) Quand on est un peu en retard, ils s’inquiètent. Ils s’inquiètent pour nous et nous, on s’inquiète pour eux ».

500 aînés corréziens servis en repas par la Poste d’ici la fin de l’année. 

C’est un des objectifs de la convention signée ce vendredi à l’EHPAD d’Objat. « La résidence des grands près » réalise les repas, 180 000 sont réalisés chaque année dont 120 000 pour le portage

« On a d’abord fait un test avec la Poste sur la partie Egletons, puis Chamberet et donc maintenant une grosse partie du Sud-Corrèze » explique Pascal Coste, le Président du Conseil Départemental. Cette convention formalise un prix unique sur l’ensemble du territoire corrézien, « au fur et à mesure, on ouvre des secteurs avec la Poste et on fait attention à ne pas faire concurrence au services publics qui existent ça et là (…) à terme l’intégralité de la Corrèze devrait être couverte ».

Une mutation nécessaire pour la Poste

En 15 ans, l’activité courrier s’est raréfiée (moins 75 % de lettres en 15 ans). Alors la Poste se ré-invente et le portage de repas est la 1ère dimension de cette nouvelle ère. Plus de 5 millions de livraison l’an passé, cette année ce sera le double.

Après la Lozère en mai dernier, cette convention avec la Corrèze est, Philippe Wahl, le PDG de la Poste, l’espère, le début d’une généralisation du portage de repas à domicile.

« Apporter un repas, c’est aussi important qu’apporter une lettre » explique Philippe Wahl. « C’est la voie de croissance essentielle dans la ruralité, les besoins des personnes âgées vont devenir considérables (…) Les politiques publiques veulent que les gens vivent le plus longtemps chez eux, ce que veulent les gens eux-mêmes ; ce qui sous entend que le portage de repas va devenir une préoccupation majeure »

« C’est une partie de l’avenir de la Poste et l’avenir c’est la multi-activités : la lettre, le colis, les repas aujourd’hui, les médicaments demain... Ça va assurer à la fois les services et le maintien de l’emploi »