« On a besoin des profs »

Au Collège Victor Hugo, comme dans tous les collèges et lycées de France, il y a bien eu une minute de silence, mais la cérémonie qui a rassemblé les 600 élèves de l’établissement, a pris un caractère singulier : elle a été menée par une classe spécifique.

La cérémonie a été orchestrée par la classe mémoire, des collégiens de 4ème qui durant toute l’année et dans le cadre d’un échange avec une classe alsacienne, travaillent autour des évènements du 9 juin survenus en 1944 à Tulle.

Le devoir de mémoire autour de Samuel Paty et Dominique Bernard.

Benoît Huguenin un professeur de cette classe, par ailleurs professeur d’Histoire Géo explique : « ces élèves ont été volontaires pour animer cette cérémonie parce qu’ils estimaient aussi que ça faisait partie de leur travail de mémoire ».

Pour Lily, élève de cette classe mémoire « ce n’est pas vraiment normal de tuer des professeurs parce qu’ils sont censés que tous les élèves sont égaux, qu’il faut respecter les choix des uns et des autres ».

Justine, autre élève surenchérit : « c’est pas normal de faire ça, faut se respecter, ce n’est pas normal ».

Tour à tour les élèves se succèdent au micro pour expliquer le pourquoi de cette cérémonie. Léopold Sédar Senghor, Victor Hugo, Jean Jaurès, des textes, des poèmes d’auteurs, sont également lus par les élèves.

« Ça nous a fait surtout comprendre qu’un prof, ça pouvait changer le monde, on ne s’en rend pas compte, mais nous, on est le futur et on a besoin des profs » (Morgane de la classe mémoire).

Un virage dans le quotidien des enseignants.

Il y a presque 4 ans jour pour jour, le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie était assassiné devant son collège. Il y a un an, le 13 octobre 2023, c’était au tour de Dominique Bernard, professeur de français d’être tué dans son lycée.

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« Ça a bouleversé le monde enseignant, ça a bouleversé la société. Jusque-là, les professeurs étaient épargnés et on s'est rendu compte dans l'éducation nationale que nous, les professeurs, nous étions une cible pour ce terrorisme islamiste qui est prêt à franchir  toutes les limites »

« Au quotidien, évidemment, ça change beaucoup de choses dans notre perception des risques. Dans notre accompagnement des personnels aujourd'hui, on n'hésite plus à signaler à nos partenaires de la police de la justice toutes menaces sur nos enseignants et à les accompagner au quotidien ».