Millau : Un conseil municipal sous haute tension

Le conseil municipal de Millau qui s'est tenu ce lundi 25 septembre 2023 était potentiellement explosif. Après le départ de 7 nouveaux conseillers, la majorité d'Emmanuelle Gazel ne tient plus qu'à un fil. Depuis le début du mandat, ce sont 12 conseillers qui ont claqué la porte; une hémorragie qui aurait pu entraîner de nouvelles élections si Emmanuelle Gazel n'avait pas réussi à convaincre ses derniers colistiers de la rejoindre.

Une majorité fragilisée à la barre d'un bâteau ivre.

Signe que la majorité s’attendait à une séance sous tension, le conseil a débuté par un rappel au règlement : toute forme de perturbation entraînera un huis clos prévient la maire.Un huissier a été convié pour surveiller le bon déroulement des débats. Les démissionnaires qui ont pris place au fond de l'amphithéâtre sont donc prévenus.

La maire, qui semble tout faire pour les ignorer, prend la parole pour faire l’appel. Trois nouveaux noms apparaissent, ce sont les conseillers censés compléter la majorité. Deux d’entre eux ne sont pas là, une absence qui étonne l’opposition.

Au bout d’une petite heure, les dissidents décident de quitter ensemble la salle. Tous sont résignés : “Si on quitte la salle, c’est parce qu’on voit qu’elle ne nous écoute pas" explique l’un d’entre eux. "Elle nous a pris à l’écart dehors et nous a dit que cela ne servirait à rien qu’on rentre parce qu’elle ne nous donnerait pas la parole.”

Une abstention de colère

À l'intérieur, les débats vont commencer, mais l’opposition souhaite s’exprimer sur la tourmente politique que traverse la ville. Karine Hautmaire lit un texte d’excuse destiné aux Millavois et Millavoises : “Tous les derniers événements internes à votre majorité n'honorent pas Millau. Je tiens à présenter mes excuses pour la crise de la démocratie locale que cela représente, des excuses pour le temps perdu, des excuses pour l'échec cuisant après 10 démissions de votre projet de départ.”

Arrivent enfin les délibérations. 38 sont à l’ordre du jour. Les votes s’enchaînent. L’opposition vote à chaque fois contre ou s’abstient. Alain Nayrac finit par avouer : j’ai décidé qu’à partir d’aujourd’hui, je ne voterai plus rien de votre majorité”. Christophe Saint Pierre lui emboîte le pas. Pour l'ancien maire et opposant à la majorité, l’abstention est avant tout un acte symbolique. “Aujourd’hui, nous ne pouvons pas avoir une confiance légitime pour travailler sur le fond avec la majorité" se confie-t-il. "Et il nous semblait important qu’à l’occasion de ce conseil qui fait suite à ces problèmes majeurs, nous puissions montrer notre désaccord sur le fonctionnement de ce conseil municipal" insiste l’élu d’opposition, avant d’ajouter que la majorité d’Emmanuelle Gazel est chancelante. “On va voir comment cette équipe se réorganise. La démission des 7 conseillers aurait pu nous mener à ouvrir un temps démocratique en retournant aux urnes. Si Madame Gazel est si sûre que sa politique est acceptée par la majorité des Millavois, elle ne doit pas avoir peur d’aller se frotter au scrutin" conclut-il.

De la sérenité

Après quelques escarmouches, les débats reprennent sur un ton plus calme. Il est 22h30, le conseil municipal prend fin après 4 heures de discussions plus ou moins tendues.

Emmanuelle Gazel s’en sort plutôt bien. L’huissier n’a constaté aucune infraction, la maire peut espérer retrouver un peu de calme, c’est en tout cas le vœu qu’elle n’a pas hésité à formuler à plusieurs reprises lors de cette séance : “La ville a besoin de sérénité et de débats apaisés," affirme la première magistrate de la ville. "Je suis démocrate et soucieuse du débat public, mais il faut se respecter pour avoir un débat de qualité et pour que chacun ait envie d’avancer vers l’autre.” Quand on l’interroge sur l’avenir de son mandat, Emmanuelle Gazel semble optimiste : "On est déterminé, peut-être encore plus que jamais. Et je pense même que ces démissions ont amené de la clarification au sein de l’équipe. Et nous sommes encore plus déterminés pour mettre en œuvre les projets pour lesquels les habitants nous ont donné mandat."

La ville de Millau vient de vivre un nouvel épisode d'une mauvaise série.... pas sûr que cela soit le dernier.