Publié : 29 octobre 2024 à 17h23 par Tiphaine Coulon

Le thon en conserve largement contaminé au mercure

Deux associations demandent aux autorités de prendre des mesures pour protéger les consommateurs.

Salade avec du thon en boîte (illustration)
Salade avec du thon en boîte (illustration)
Crédit : Pexels

Le thon en conserve est largement contaminé au mercure, une substance nocive pour la santé. C'est ce que dénonce l'ONG Bloom dans un rapport. Avec Foodwatch, elle demande à la grande distribution et aux pouvoirs publics de "prendre des mesures d'urgence", dont l'abaissement des limites autorisées.

100 % de boîtes contaminées

Bloom, une ONG de défense des océans, a sélectionné aléatoirement 148 boîtes de conserve dans cinq pays européens (France, Allemagne, Angleterre, Espagne et Italie) et les a fait tester par un laboratoire indépendant. Résultat : "100 % des boîtes sont contaminées au mercure", révèle son enquête. Pour plus d'une boîte sur deux testée, la teneur en mercure dépasse la limite maximale fixée pour d'autres espèces de poissons comme le cabillaud ou les anchois, soit 0,3 mg/kg. Pour le thon, la limite a été fixée à 1 mg/kg.

Mais ce seuil est calculé sur le "produit frais". Or, selon les calculs de Bloom, cela revient à une teneur d'environ 2,7 mg/kg dans la conserve, car le mercure est plus concentré une fois le produit déshydraté. En France, une boîte de thon de la marque Petit Navire testée lors de l'enquête affichait une teneur de 3,9 mg/kg. "La façon dont les normes sanitaires ont été fixées à l'échelle européenne est absolument scandaleuse", dénonce la chercheuse Julie Guterman de Bloom. Elles "ont été établies en fonction du taux de contamination des thons constaté et non en fonction du danger que représente le mercure pour la santé humaine, afin d'assurer la vente de 95 % des thons", affirme-t-elle.

Pour l'ONG, "aucune raison sanitaire ne justifie cet écart : le mercure n'est pas moins toxique s'il est ingéré via du thon, seule la concentration de l'aliment en mercure compte". Le mercure est classé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) "parmi les dix substances les plus préoccupantes pour la santé publique", rappelle Bloom.

Face à ce qu'elles qualifient de "véritable scandale de santé publique", Bloom et l'ONG de défense des consommateurs Foodwatch demandent des "mesures d'urgence" aux pouvoirs publiques : elles appellent la Commission européenne et les autorités françaises à s'aligner sur la teneur maximale la plus stricte de 0,3 mg/kg. Elles demandent également aux distributeurs de ne commercialiser que des produits en dessous de ce seuil.