La prison de Rodez est pleine à craquer
Début 2025, on comptait plus de 80 000 détenus pour seulement 60 000 places dans les prisons françaises. En Aveyron, la situation est aussi très préoccupante, puisque la maison d’arrêt de Rodez vient d’atteindre un chiffre record : 200% d’occupation.
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À la maison d'arrêt de Rodez, pour la plupart des détenus, ils sont deux voir parfois trois à se partager une cellule de 9 m². Ils sont même une trentaine à devoir dormir sur des matelas au sol.
Pour Alexandre Vidal, surveillant pénitentiaire à la maison d’arrêt de Rodez, le manque d’intimité rend les détenus encore plus tendus...
Vous imaginez, quand vous vous réveillez le matin, vous avez dormi par terre, avec les pieds du copain à côté, dans le nez. Ils se marchent dessus, il y en a un qui prend la douche, un qui regarde la télé, ça créé des problèmes. Cet été, on craint le pire, on le sait avec l'expérience, quand il fait chaud, la tension monte entre les détenus, il y a plus de bagarres et d'agression du personnel aussi.
Pour nous, surveillants, c'est dur aussi de travailler dans ces conditions. Par exemple, quand on doit distribuer les repas sur un étage, avant, il y avait 30 détenus, ça nous prenait peut-être 30 minutes, maintenant, ils sont 70, ça nous prend 1 h 30. Et cette heure en plus, on ne peut pas la consacrer au suivi du détenu et à sa réinsertion, on travaille à la chaine presque.
Mais pourquoi nos prisons débordent autant ?
Pour Maitre Bruce Flavier, avocat au barreau de Rodez, les magistrats ont trop souvent recours à la détention provisoire.
Normalement, la détention provisoire doit être exceptionnelle, mais dans les faits, c'est quelque chose qui arrive régulièrement. On sait qu'il manque de magistrats en France, ce qui explique que certaines personnes restent en détention provisoire longtemps, des mois, parce que leur dossier n'est pas encore en état d'être jugé.
Des délais trop longs, à cause du manque de magistrats. Ce constat, Alexandre, le surveillant, l’a fait lui aussi à la maison d’arrêt de Rodez, où un tiers des personnes incarcérées sont en fait en détention provisoire.
Le problème, c'est ça, ce sont les procédures qui durent des mois, parfois pour des faits qui pourraient être traités en 1 ou 2 mois, et ça dure en fait 6 ou 8 mois. Donc ça peut nous arriver d'avoir quelqu'un en détention pendant 8 mois, qui risque seulement une peine de 6 mois.
Autre piste pour expliquer cette surpopulation carcérale, trop de détenus au profil psychiatrique lourd sont envoyés en prison, faute de place dans les hôpitaux spécialisés.