26 janvier 2024 à 5h30 par Stéphane Jacquemin

« Il y a des mois, on se donne 300 euros chacun »

La colère des agriculteurs se matérialise désormais en Corrèze. Rencontre avec un éleveur de Meilhards, Frédéric Jenty.

Frédéric Jenty, éleveur à Meilhards et manifestant
Frédéric Jenty, éleveur à Meilhards et manifestant
Crédit : Stéphane Jacquemin-TOTEM

 

Il fait partie des agriculteurs qui manifestent depuis ce jeudi à Brive, Frédéric Jenty va sur ses 52 ans et il est éleveur à Meilhards. 110 vaches sur 156 ha, un GAEC familial, avec son épouse et son fils.

 

 

 

Une affaire de famille depuis 7 générations.

 

 

« Moi j’ai connu l’époque de mon grand-père, c’était tout petit, mais on avait le plaisir de travailler ensemble on rigolait bien, on était bien...Aujourd’hui, personne rigole, moi je vois chez nous, on fait la gueule, on n’est pas bien, on est inquiet pour les bêtes, on est inquiet pour le salaire ».

 

 

« Il y a des mois, on se donne 300 euros, à trois, 300 euros chacun et encore... »

 

 

 

4 jours de vacances par an

 

 

Les vacances, Frédéric a de la chance il en a : 4 jours par an !  Grace à son fils qui a rejoint le GAEC cette année.

Mais devenir agriculteur même quand on est « un fils de » « c’est un parcours du combattant » explique l’éleveur :

 

 

« C’est infernal aujourd’hui ! Personne ne vous dit la vérité...On a fait un projet d’installation pour mon fils, il y a eu un différentiel entre ce qu’on m’a dit à la Chambre d’Agriculture et nous, de 20 000 euros. Et puis le parcours d’installation dure une année ».

 

Frédéric précise qu’il n’est pas syndiqué, énumère ses problèmes actuels :

 

 

« On a des problèmes sur les bêtes avec les mouches. On est capable d’aller sur la lune mais on n’est pas capable de trouver des vaccins contre ces maladies ; on ne peut pas protéger nos bêtes, il y a des avortements, des veaux qui meurent régulièrement ».

 

 

"Je suis fier de ce que je fais mais aujourd'hui, on est à bout !"

 

 

À l’annonce du soutien des français face à la mobilisation actuelle des agriculteurs : près de 9 sur 10 sont favorables au mouvement, Frédéric réagit :

 

« Un grand merci et puis, on n’est pas des sauvages le monde agricole, mais on n’a pas le temps de sortir et de vous voir et de sourire, on est désolé, mais on vous aime. Moi j’adore mon pays, je suis fier de ce que je fais mais voilà, aujourd’hui, on est à bout... »