5 septembre 2024 à 13h49 par Johan Gesrel

Féminicide à Montauban : "J'ai tué ta mère, appelle la police"

A Montauban (Tarn-et-Garonne), l'homme de 74 ans soupçonné d'avoir tué son épouse de 70 ans a été mis en examen ce jeudi 5 septembre. Il a avoué avoir porté des coups de bâtons mais sa version des faits semble contredite par les premiers éléments de l'enquête.

Bruno Sauvage procureur de la République de Montauban et le commissaire Régis Allégri.
Bruno Sauvage procureur de la République de Montauban et le commissaire Régis Allégri.
Crédit : Johan GESREL

Ce jeudi 5 septembre, le procureur de la République de Montauban Bruno Sauvage a tenu une conférence de presse aux côtés du commissaire divisionnaire Régis Allégri suite à la mise en examen d'un homme de 74 ans pour "meurtre par conjoint". Le septuagénaire a été interpellé mardi 3 septembre à son domicile, rue du Ramiérou, après la découverte dans le garage du corps de son épouse âgée de 70 ans gisant dans une mare de sang avec une plaie à la tête. Au cours de sa garde à vue, le suspect "a reconnu avoir porté un ou deux coups" à la tête de son épouse au motif que celle-ci l'aurait insulté. "Il indique avoir voulu la faire taire et lui donner une leçon", précise Bruno Sauvage. Le mis en cause a reconnu avoir alors saisi dans le garage une sorte de canne en bois de 50 cm à l'extrémité renforcée avant de commettre son geste. 

L'épouse aurait tenté de se défendre

Les faits se seraient déroulés mardi matin peu après 10h17 heure à laquelle son épouse appelle sa fille pour lui demander de lui réserver un billet d'avion en indiquant qu'elle prépare ses valises. Inquiète par le ton de la voix de sa mère, la fille a alors appelé son frère qui vit à proximité du domicile. Il joint son père quelques minutes plus tard. C'est là qu'il lui aurait dit au téléphone : "j'ai tué ta mère, appelle la police".

Sur place, les policiers découvrent dans le garage le corps allongée de l'épouse. L'autopsie pratiquée à la demande du procureur révèle que l'épouse a tenté de se défendre. "Trois fractures ont été constatées au niveau des avants-bras. Le crâne de la victime porte également plusieurs traces de coups mortels", indique Bruno Sauvage. La thèse de "un ou deux coups" défendue par le mari semble donc en l'état remise en cause. Une quinzaine de policiers du commissariat de Montauban ont été mobilisés durant l'enquête préliminaire. "Une reconstitution de la scène de crime en 3D a été effectuée", précise Régis Allégri.

La victime avait demandé la levée du bracelet anti-rapprochement de son mari

Le couple vivait ensemble depuis 46 ans et ont trois enfants, deux garçons et une fille. Le 26 août 2022 le mari avait été condamné à 12 mois de prison avec sursis probatoire par le tribunal correctionnel de Montauban. Le septuagénaire avait été reconnu coupable de menaces de mort, agression sexuelle et violence habituelle sur sa conjointe dont l'ITT avait été supérieure à 8 jours. A la suite de cette condamnation, il était tenu de porter un bracelet anti-rapprochement et avait interdiction de rentrer en contact avec son épouse. "Ce sursis probatoire a bien été respecté et s'est arrêté le 25 août 2024." Sauf qu'en 2023, l'épouse a demandé à la justice de lever le bracelet anti-rapprochement. Il a été retiré en janvier 2024. "La victime n'a pas souhaité bénéficier du téléphone grave danger", ajoute le parquet qui précise que l'épouse était revenue volontairement vivre au domicile conjugal dès le mois de juin dernier, soit durant la période du sursis probatoire.

Une possible altération du discernement lors du passage à l'acte

"Depuis le 26 août dernier, le mari avait stoppé son traitement. Il prenait des médicaments pour dormir et contre les troubles de l'humeur" poursuit Bruno Sauvage. Selon un première expertise psychiatrique, il n'y aurait pas eu d'abolition du discernement lors du passage à l'acte mais une possible altération.

Le septuagénaire doit désormais être présenté à un juge d'instruction et un juge des libertés. Le procureur Bruno Sauvage a requis un placement en détention provisoire. Le mis en cause encourt la réclusion criminelle à perpétuité.