Gel, grêle et mildiou : les vendanges 2024 s'annoncent compliquées

La vendange de l'Hexagone, premier producteur mondial en 2023 devant l'Italie et l'Espagne, "est attendue en baisse dans presque tous les bassins viticoles", selon les premières estimations publiées vendredi 23 août par le ministère de l'Agriculture qui anticipe entre 40 et 43 millions d'hectolitres pour le millésime 2024.

"Depuis cinq ans ça devient insupportable"

A Cahors, moins de 15 % des vignes pourront être vendangées cette saison. La faute au gel du printemps suivi du mildiou, une maladie due aux fortes pluies. A Gaillac, la grêle du week-end dernier a ravagé de nombreuses vignes et les grappes de raisin. On ignore encore l’impact total sur la récolte. Pas facile de garder le moral, estime Philippe Romain. Ce vigneron travaille en famille sur le domaine Serre de Bovila dans l’AOC Cahors, le Domaine de Montels à Albias (Tarn-et-Garonne) et le Mas des Anges à Montauban :

"J'ai la chance de ne pas avoir été impacté comme d'autres collègues qui ont tout perdu avec le gel ce printemps. Je m'estime chanceux mais rien n'est gagné. Il faut rester humble. Il nous reste encore un mois à tenir avant de tout vendanger. On n'est pas à l'abri d'une catastrophe comme à Gaillac le week-end dernier. Il est difficile de se relever au niveau moral et économique. On peut être le plus courageux, le plus compétent, le plus pugnace mais quand on a la nature contre soi, on subit. Depuis cinq ans et les différents épisodes, ça devient insupportable."

"Les consommateurs se tournent vers la bière et les Spritz"

Au fil des ans, les vignerons font face à une baisse de production. Dans les chais, les stocks diminuent. Et c'est sans compter la baisse de consommation. Cette année, 30 millions de bouteilles de vin rouge, soit l'équivalent de 24 millions de litres, sont restées invendues. Les ventes de vin rouge ont chuté de 6,5 % par rapport à l'année dernière en France. Pour Philippe Romain, les vignerons doivent mieux communiquer :

"Les consommateurs se sont tournés vers la bière et d'autres alcools comme le Spritz. Je pense qu'on peut proposer des vins abordables moins compliqués à des prix plus abordables. Quand on vend une bouteille à plus 20 euros, ça devient pour certains une boisson de luxe alors qu'autrefois c'était un produit de consommation courante. On devrait faire des vins plus légers, plus abordables et de permettre aux jeunes de conserver cette culture du vin qui est aussi un produit local. Y'a rien de plus sain qu'un raisin qui fermente!"

🍷Ce dimanche 1er septembre, le Domaine de Montels organise la fête des vendanges à Albias. Au programme : course vignes run color, démonstration de métiers anciens, tonnelier, jeux du vin, danses occitanes, bouilleur de cru, rouleurs de barriques, leçons de cuisine et des producteurs pour faire déguster jus de fruits, confitures, coulis de miel, vins, fromages, fruits et légumes de saison. L'entrée est gratuite.