16h18 par La rédaction

Julie Gayet rend hommage à Olympe de Gouges

Présente en Aveyron pour la projection de son film sur Olympe de Gouges, Julie Gayet a répondu aux questions de la rédaction de Totem.

Julie Gayet lors de la présentation de son film sur Olympe de Gouges en Aveyron.

Crédit : Stéphane David / Totem

"Olympe, une femme dans la Révolution". C'est le titre du film historique co-réalisé et interprété par Julie Gayet. L'actrice a choisi de se pencher sur la vie d'Olympe de Gouges, qui s'est battue pour les droits des femmes. Le tournage s’est ainsi déroulé pendant un mois dans la région Occitanie : à Saint-Léonard (Gers), Gramont (Tarn-et-Garonne), Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) et Toulouse (Haute-Garonne), du 26 septembre au 23 octobre 2023.

L’équipe du film est composée d’une quarantaine de comédiens et comédiennes, et de près de 70 techniciens et techniciennes. Plus de 240 figurants et figurantes d’Occitanie qui ont participé au tournage.

Les deux réalisateurs, Julie Gayet et Mathieu Busson, sont en tournée pour promouvoir le film et rencontrer des collégiens et des lycéens. C'est à l'occasion de la projection organisée ce jeudi 5 octobre à Villefranche-de-Rouergue que Julie Gayet a répondu aux questions de Stéphane David.

Julie Gayet, merci beaucoup de nous accorder quelques minutes de votre temps. Vous êtes à Villefranche-de-Rouergue pour présenter votre film "Olympe de Gouges, une femme dans la révolution". Sans tout dévoiler, puisqu'il sera bientôt diffusé sur France Télévision, pouvez-vous nos dire quelques mots sur votre film ?

"C'est donc un film sur Olympe de Gouges, c'est une grande figure. Je ne sais pas si certains ont regardé ces Jeux olympiques paritaires pour la première fois. Pour la cérémonie d'ouverture, on a vu des statues sortir de l'eau, des statues de ces femmes qui n'ont pas forcément de représentation dans l'espace public. Les statues qui manquent en fait. Et la première, c'était Olympe de Gouges. C'est le seul buste à l'Assemblée nationale aujourd'hui et je ne sais pas si tout le monde sait qu'elle a œuvré pour une caisse patriotique pour tous. Qu'elle était humaniste, qu'elle avait énormément d'idées.

Il y a une bande dessinée qui a été faite sur elle. Il y a surtout les éditions de Cocagne à Montauban qui ont fait ces recherches pendant des années pour récupérer tous ses textes. Parce qu'aujourd'hui ses héritiers sont en Australie, en Tasmanie, sont loin. À l'époque, Valérie Rabault (ancienne députée du Tarn-et-Garonne NDLR), avait financé avec sa réserve parlementaire.

Il y a eu toutes ces recherches qui font qu'aujourd'hui, on s'est rendu compte que l'image qu'on avait d'Olympe de Gouges n'était pas la bonne. Donc, je voulais restaurer cette image et montrer une image qui, en fait, est manquante dans notre histoire de France. Moi, je sais que ma génération, au collège, au lycée, on on ne parlait pas d'Olympe de Gouges. Aujourd'hui, elle est étudiée au bac français.

Qu'est-ce qui vous a fait choisir ce personnage pour votre film ?

Je crois que ces dernières années, on a vu vraiment les choses changer. La place des femmes, la question des femmes, le fait qu'il n'y ait pas forcément d'égalité salariale… Pire, quand on est à une époque où on parle beaucoup de la retraite, de cette réforme des retraites : les femmes aujourd'hui touchent 40 % de moins pour leur retraite que les hommes. Et quand elles ont eu la chance d'être mariées et d'avoir leur compagnon qui ont pu leur permettre d'avoir une pension de réversion comme on dit, elles touchent quand même moins 25 % pour leur retraite. Il y a une injustice, il n'y a pas encore l'égalité salariale et ça c'est pas normal.

Et donc tous ces engagements d'Olympe de Gouges finalement aujourd'hui résonnent. Et surtout cette jeune génération qui commence à connaître le mot sororité, parce qu'on parle de liberté, égalité, fraternité pour les frères, mais en fait sororité, ce mot qui est pour les sœurs. Je crois que la jeune génération, elles se mettent plus entre elles. Et ça, Olympe de Gouges l'a prôné dans tous ses écrits. Donc je suis contente que ça fasse écho et qu'aujourd'hui, on redécouvre cette femme qui parlait déjà de sororité à son époque, au moment de la Révolution française.

Vous rencontrez les jeunes. Des collégiens, des lycéens, c'est important pour vous, au-delà du film, de les rencontrer, de parler donc du personnage, de son rôle durant la Révolution ?

Mais comme je disais, elle est étudiée au bac français, donc pour les lycéens, c'est intéressant. Mais même pour les collégiens. C'est-à-dire qu'en réalité, quand je vais dans les collèges, je vois bien que de parler de tous ces métiers qu'il y a sur les films, de leur raconter la fabrication, de leur expliquer aussi aujourd'hui es engagements qu'on a dans le cinéma parce qu'on essaie la parité…

On a ce collectif, nous, dans le cinéma qui s'appelle 50-50. Parce qu'on est autant de filles que de garçons, et dans les écoles de cinéma, on est 50-50, donc j'essaie de leur raconter comment on a essayé de faire un film paritaire. Il y avait une équipe paritaire de techniciens de la région. Il y a des échanges, ils me posent plein de questions, c'est passionnant et je suis très heureuse de pouvoir transmettre.

Olympe de Gouges, finalement, elle était très moderne, très actuelle. C'est important de parler justement de cette femme et des combats des femmes, alors qu'aujourd'hui on voit qu'elles sont malheureusement victimes de violences.

Ah oui, absolument. Je crois en plus que, on est en train de vivre une campagne présidentielle américain assez forte. L'élection précédente de Trump était terrible, parce que c'est un homme politique qui représente les États-Unis, donc qui a forcément une image dans le monde entier. Et il s'est permis des commentaires d'un sexisme, d'une violence sur des journalistes ! En leur disant cette fille, elle a ses règles, elle est pénible ou des choses mais terribles. Il a dit une horreur qui était when you're famous, you can grab them by the *****. Ça veut dire quand vous êtes très connu, vous pouvez prendre les femmes par la ******. Enfin vous vous rendez compte, un président des États-Unis qui fait cette campagne.

Ça a créé un mouvement, la Women's March, la marche des femmes. Ça a créé aussi certainement cette libération de la parole des femmes. Et quand on voit ce qui se passe en Afghanistan, en Iran, la remise en question de Trump sur l'avortement, ces droits fondamentaux. Et quand même en France, nous, on a fait rentrer l'IVG dans la Constitution. On essaie de se dire qu'on peut pas remettre en question les droits des femmes.

Surtout comme je vous le disais, dans une époque où il y a encore de nombreuses avancées. Moi ma maman, je dis ma maman parce que voilà ça restera toujours ma petite maman, elle avait même pas son nom sur son chéquier. Elle avait pas l'autorisation d'ouvrir un compte en banque sans l'autorisation de son mari.

Aujourd'hui les choses évoluent, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire, donc, oui, c'est très politique. Et puis Olympe, elle était humaniste en fait, ça existait pas le féminisme. Elle se battait contre l'injustice. Je crois que la jeune génération, les garçons, les jeunes producteurs, les jeunes autour de moi, même mes fils, je vois bien qu'ils veulent partager aussi les tâches, ils veulent s'occuper de leurs enfants. Le monde est en train de changer. On bougera tous ensemble.

Dans le film, y a une scène où votre personnage affronte Robespierre. Vous évoquiez tout à l'heure la campagne aux États-Unis. C'est une illustration de ce que vivent les femmes encore aujourd'hui ?

Oui, parce que, à la base, je pense qu'Olympe de Gouges et Robespierre étaient d'accord. Ils étaient vraiment pour l'abolition de la peine de mort. Olympe ne voulait pas qu'on tue le roi, puisque, on le dit dans le film d'ailleurs, elle disait si vous le tuez, vous en ferez un héros. Elle voulait la République, elle était une vraie républicaine et pas du tout une royaliste. Mais il y a chez Robespierre une espèce de radicalisation, de violence et donc on va prendre le film au moment de la Terreur pour sauver sa révolution. Et bon bah la question du droit de vote des femmes, de l'éducation des femmes, alors qu'il était question d'éducation nationale, ça passera après. Pour Olympe, c'était essentiel. Les femmes avaient œuvré pour la Révolution.

Et jusqu'au bout, quand il signe cette déclaration des droits de l'Homme et du citoyen, elle propose sa déclaration des droits de la Femme et de la citoyenne. Et c'est pas un parallélisme hein, c'est vraiment une proposition pour dire comment il est important, même pour le couple, pour la société, pour une plus grande harmonie, que les choses se fassent ensemble avec le respect pour l'un et pour l'autre. Et cette question de respect, de respect envers la femme, est très important. Et on voit que ça se tend, que ça se crispe. On voit des mouvements d'hommes tout à coup virilistes, masculinistes, comme si on allait toucher… C'est pas contre les hommes, bien au contraire, c'est pour être encore plus ensemble et pour un monde meilleur".

Le film sera diffusé sur France 2, à une date qui n'a pas encore été dévoilée.

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