24 avril 2023 à 7h48 par Fanny Paul
Le "forcené de Dordogne" face aux juges, deux ans après sa violente cavale
Terry Dupin, qui avait agressé son ex-compagne avant d'être traqué pendant 36 heures par les gendarmes, comparaît de mardi à jeudi devant le tribunal correctionnel de Périgueux pour violences volontaires aggravées.
Tribunal - Illustration
Crédit : TOTEM
Fin mai 2021, le visage de cet ancien militaire, longue barbe, cheveux épais et tempes rases, avait fait les gros titres deux jours durant, avec un appel à témoins pour retrouver celui que les autorités présentaient comme un "individu dangereux".Armé d'une carabine de chasse, Terry Dupin avait fait irruption au domicile de son ex-compagne, mère de leurs trois enfants, agressant cette dernière et son nouveau compagnon de l'époque. Il avait frappé celui-ci et ouvert le feu entre ses jambes, le menaçant de mort.Puis le trentenaire, déjà condamné quatre fois pour des violences contre son ex-conjointe, s'était lancé dans une folle cavale dans une zone boisée entre les communes du Lardin-Saint-Lazare et de Condat-sur-Vézère. Plus de 300 gendarmes avaient été mobilisés pour cette traque, dans un contexte post-Covid où les cas de forcenés s'étaient multipliés dans toute la France. Après plusieurs tirs visant les forces de l'ordre, notamment un hélicoptère de la gendarmerie, Terry Dupin avait été interpellé 36 heures plus tard, grièvement blessé au cou par un tir de riposte du GIGN.
Logique suicidaire
Récidiviste, il encourt jusqu'à 14 ans d'emprisonnement et 200.000 euros d'amende. Au moment de sa cavale, il était interdit de port d'armes et portait un bracelet électronique. Devant le magistrat instructeur, cet employé d'une entreprise de travaux publics, aujourd'hui âgé de 31 ans, a dit regretter les faits et assuré qu'en se rendant chez son ex-conjointe, il voulait "mourir" en provoquant l'intervention des gendarmes. Athlétique avec son 1,83 m, "aguerri" et "endurant", cet ancien soldat du régiment d'infanterie de Brive pouvait "vivre plusieurs jours en autonomie" et était dans une "logique suicidaire", avait indiqué le général André Pétillot, alors commandant de la région de gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine.
Les débats devront notamment se pencher sur sa personnalité. Un expert a décrit une "particulière instabilité relationnelle" et "des difficultés à contrôler sa colère". L'expertise psychologique pointe aussi une "relation conjugale pathologique" avec celle qui a été sa compagne pendant huit ans.
"Un homme cassé"
"C'est un homme cassé", déclarait l'an dernier son avocat, Me Arnaud Dupin, au journal Sud-Ouest. "Il n'a pas tenté de tuer qui que ce soit. Il s'est présenté armé mais c'était dans le cadre d'une rébellion amoureuse avec volonté de mettre fin à ses jours."
Hospitalisé puis placé en détention provisoire, Terry Dupin a d'ailleurs tenté plusieurs fois d'arracher son dispositif de trachéotomie pour se suicider. Il s'exprime encore aujourd'hui avec difficulté.nInitialement poursuivi pour tentatives d'assassinat, le prévenu a échappé à la cour d'assises "en l'absence de certitude quant à son intention homicide", selon le parquet. Terry Dupin sera donc jugé en correctionnelle pour violences volontaires aggravées à l'encontre de son ex-compagne, du compagnon de celle-ci à l'époque, de trois adolescents croisés dans son périple et des gendarmes mobilisés pour l'interpeller. Soit près d'une cinquantaine de parties civiles.
Son ex-compagne "n'est pas tellement préoccupée par la peine" qui sera prononcée, a déclaré à l'AFP son avocat, Me Réda Hammouche, qui défend aussi les trois enfants, présents le jour des faits et aujourd'hui âgés de 4 à 9 ans. "Pour elle, le sujet, c'est sa sécurité. Elle est déjà obsédée par l'idée qu'un jour, cet homme va sortir (de prison)."
L'éphémère compagnon de cette dernière souhaite pour sa part "une sanction exemplaire", selon son avocat. "Il s'est vu mourir", a exliqué à l'AFP Me Vincent Maris. "Il a un peu l'impression d'avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment, piégé dans cette relation toxique entre M. Dupin et son ex-compagne."
Avec AFP