Le château de Saint-Alban-sur-Limagnole sélectionné pour le loto du patrimoine

Du loup du Gévaudan à la psychiatrie institutionnelle

Situé sur le chemin de la via Podiensis, l'un des chemins du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, le château est une ancienne propriété des barons d'Apchier, puis des barons de Molette de Morangiès. Il devient à la fin du XVIIIème siècle l’un des points de ralliement pour organiser des battues visant à éliminer la bête du Gévaudan.

Bâtiment médiéval et Renaissance flanqué de deux ailes du XIXe siècle, il constitue un élément patrimonial remarquable dominant la Margeride dans le nord du département de la Lozère, à près de 1 100 mètres d’altitude. Il a pour singularité l’emploi d’une pierre locale, un grès rose (arkose), pour souligner les éléments décoratifs du XVIIème siècle ornant le porche d’entrée et les encadrements des ouvertures.

Le château est transformé en asile psychiatrique au XIXème siècle, sous l'impulsion d'un religieux, Hilarion, frère de l'ordre de Saint-Jean-de-Dieu. Mais l’asile étant mal géré, le préfet de la Lozère décide son acquisition par le Département en 1824.

En 1941, le psychiatre catalan François Tosquelles arrive à Saint-Alban. Il fonde ici la psychothérapie institutionnelle : Saint-Alban devient alors et jusque dans les années 1970 une référence nationale et internationale pour la psychiatrie. Pendant la seconde guerre mondiale, le château abrite Paul Eluard et sa famille (qui y écrit Le souvenir des fous) ainsi que d'autres artistes et intellectuels qui cohabitent avec les malades pendant le conflit. C'est en voyant, chez Eluard, des œuvres créées par les handicapés mentaux de Saint-Alban, que Dubuffet invente le concept d'Art brut et intéresse le monde de l'art à ces créations étonnantes.

Après la guerre, le château continue son développement de centre psychiatrique sous l'impulsion de Tosquelles. Mais en 1971 un grand incendie ravagera une partie de la toiture. Il sera par la suite restauré pour continuer sa fonction d'hôpital psychiatrique. En 1993, le conseil général de la Lozère rachète le domaine et lance une première restauration entre 1995 et 1997.

Le projet : restaurer un lieu emblématique

La toiture est en état de péril absolu à la suite d'un incendie survenu en 1971. Les études en cours par l’architecte Mélanie Gerbail du Cabinet Fiore démontrent que la toiture ne tient que par les tuiles, la volige étant complètement brûlée. En cas de surpoids sur les tuiles du à des intempéries ou de la  neige, la toiture risque fortement de s’effondrer. Les intérieurs du château sont également en péril. Outre une aile, fragilisée sur sol au plafond par l'incendie qui l'a ravagée, les autres pièces sont en déshérence depuis le départ des services de l'hôpital.

Un superbe plafond peint du XVIIe siècle a été déposé en 1995, traité contre les insectes xylophages, consolidé par une équipe de restauratrices en 2017. Les planches sont aujourd'hui déposées sur des brancards en attendant leur replacement avec le décor des murs, encore en place mais recouvert d'une peinture blanche. De la même façon, de nombreux décors ornent les différentes pièces, en grande partie camouflés par des peintures du XXe siècle : cheminées sculptées, escalier à balustres en bois, alcôves décorées... Ces décors sont essentiellement du XVIIe siècle et présentent un ensemble homogène remarquable à l'échelle régionale, voire plus.

Les travaux consisteront en la restauration de l’aile ouest du château, du bâtiment nord-ouest pour le déménagement des réserves départementales, et la restauration de l’ancienne bibliothèque. Le chantier débuterait en septembre 2025.

La mobilisation : un lieu vecteur de développement économique et touristique