Publié : 15 septembre 2024 à 17h00 par Johan Gesrel

Féminicide à Montauban : "au moment des faits il n'était pas tout à fait là"

Deux semaines après le drame de Montauban (Tarn-et-Garonne) dans le quartier du Ramiérou, Me Charles De Luynes a accordé un entretien à TOTEM. L'avocat du mari mis en examen pour homicide conjugal conteste le caractère intentionnel du geste.

Charles de Luynes, avocat du septuagénaire mis en examen pour homicide conjugal.

Crédit : Johan GESREL

A Montauban (Tarn-et-Garonne), l'homme de 74 ans soupçonné d'avoir tué son épouse de 70 ans a été mis en examen le jeudi 5 septembre. Il a avoué avoir porté des coups de bâtons mais sans volonté de donner la mort. Une thèse reprise par son avocat Me Charles De Luynes, interrogé par TOTEM :



"Quand je l'ai rencontré la première fois lors de sa garde à vue, c'était un vieil homme perdu, sous le choc. Je l'ai revu ensuite en prison, fatigué, en pleur. Une première prise de conscience semble avoir commencé. Désormais, il va devoir s'expliquer. Le nerf de ce dossier, c'est l'intention. Depuis le premier moment, il dit avoir porté un ou deux coups sans volonté de la tuer."



 


"Il dit ne pas aller bien et être malade dans sa tête"


Condamné il y a deux ans pour violences et agression sexuelles sur son épouse, le mari avait bien respecté la période du sursis probatoire jusqu’au 26 août dernier soit 10 jours avant le drame. Ce qui coïncide aussi avec la fin d’un traitement qu’il était tenu de suivre :


 



"Il dit ne pas aller bien et être malade dans sa tête. Il explique que vers ses 70 ans il a commencé à sentir qu'il n'allait pas bien. Les premières investigations montrent une altération dans son discernement. Psychologiquement ou psychiatriquement il y a quelque chose qui nous permet de penser qu'au moment des faits il n'était pas tout à fait là. Sa volonté était biaisée. S'est-il rendu compte de ce qu'il faisait ? Ce sont des questions fondamentales. Les rapports plus poussés doivent maintenant nous aider à savoir quelle est la gravité de cette altération."



 


"Mon client a respecté les conditions de son sursis probatoire"


Malgré la condamnation et les mesures d’éloignement, l’épouse s’était visiblement remise en ménage avec son mari. Un élément qui risque de peser dans les débats, estime Me Charles De Luynes :


 



"On peut avoir le sentiment que la justice n'en a pas fait assez. Je tiens à souligner que mon client a respecté les conditions de son sursis probatoire. Il était difficile d'imaginer ce qu'il allait se passer après. Madame a été protégée durant deux ans avec un bracelet anti-rapprochement et la possibilité d'avoir un téléphone grave danger. Lui interdire de rejoindre son mari c'est une question de société. Est-ce qu'on doit forcer les gens à ne pas suivre leur coeur ? Ils sont mariés depuis 1976, ils ont eu cinq enfants ensemble. Mon client a eu une condamnation. Est-ce que la sonnette d'alarme doit retentir sans arrêt ? Je ne le pense pas."



 


Selon toute logique, les enfants du couple devraient se constituer partie civile. A cette heure, la rédaction n'a pas été en mesure de joindre leurs avocats. Un procès ne devrait pas se tenir avant fin 2025.