20 septembre 2023 à 9h33 par Fanny Paul
" Depuis 15 ans, c'est tout une famille qui se meurt" : Sandra Daoudi nous explique pourquoi elle entame une grève de la faim
L’épouse de Kamel Daoudi, plus ancien assigné à résidence de France, actuellement à Aurillac dénonce 15 années d’assignation alors que son époux a purgé sa peine.
Les 3 enfants de Kamel Daoudi, une photo partagée sur le compte twitter de Kamel Daoudi
Crédit : Compte Twitter @sentierbattant
Le plus ancien assigné de France est à Aurillac, et sa femme prend une décision radicale pour l'aider.
Kamel Daoudi, condamné pour un projet d'attentat à Paris est contraint de vivre aujourd’hui à Aurillac, et de pointer deux fois par jour au commissariat. La cour européenne des droits de l’homme interdit son expulsion en raison d’un risque de torture en Algérie. Ni expulsable, ni régularisable, il est assigné à domicile depuis 2008 et vit à Aurillac depuis 2019 donc.
Ses requêtes déposées pour «excès de pouvoir» n’ont à ce jour pas abouti. La cour européenne des droits de l’homme estime qu’il n’a pas épuisé toutes les voies de recours internes à la juridiction française. Et après 15 ans de combat, son épouse qui vit dans le Tarn a décidé d’entamer une grève de la faim et de la soif. «Un acte de résistance» pour la mère de famille
Une grève de la faim et de la soif
Sandra a 46 ans, elle est enseignante, elle vit à Carmaux. Elle a 3 enfants avec Kamel Daoudi, de 13, 9 et 7 ans. "Imaginez mes enfants, ils ne sont ni à Carmaux, ni à Aurillac. Ils ne sont ni dans le présent le passé le futur.. Il travaillent bien à l’école, je les admire beaucoup. Ils essayent de tout faire pour s’en sortir" Elle ajoute avoir l'impression d'être privée d'avoir le droit à une vie de famille.
Depuis 2019, la famille fait le trajet tous les week-end depuis le Tarn jusqu’à Aurillac. "On ne regarde qu'à travers le Prisme de Kamel, mais si on regarde au travers du prisme de mes enfants ou même de moi, subvenir aux besoins de mon conjoint, me déplacer, lui payer un appartement quand l’État décide de le mettre à la rue... On attends des décisions de justice, mais il n'y a rien. C'est vraiment moi qui suis épuisée."
Pour la mère de famille, cette grève de la fin est un geste de résistance. "Tout ce qui s'est passé ces 15 dernières années, c'est toute une famille qui se meurt. Par cet acte-là (ndlr : la grève de la faim), c'est paradoxal, on pourrait penser à une pulsion de mort, mais c'est vraiment une pulsion de vie. C'est pour dire que je suis bien vivante. Je vous assure, une décision comme ça, on le prend en pleine face. Nous dire que tous les recours ne sont pas épuisés... on à l'impression de n'être qu'un dossier."
La cheffe de famille demande le rapprochement géographique de son conjoint.