24 septembre 2024 à 20h00 par Stéphane David

A Broquiès, l'EHPAD peine à recruter pourtant une de ses soignantes pourrait être expulsée

Depuis des années, une jeune géorgienne ne parvient pas à obtenir de titre de séjour. Elle pourrait devoir quitter très vite l'Aveyron.

La Directrice et le personnel de l'EHPAD le Relays à Broquiès, soutiennent Nino Gabunia

Crédit : Stéphane DAVID TOTEM

Incompréhensible. Aberrant. A l'EHPAD le Relays à Broquiès dans le sud Aveyron, les mots fusent pour condamner l'attitude de l'Etat français et de la justice. Ils pourraient condamner Nino Gabunia à quitter la France, pour retourner en Géorgie. Alors qu'elle et sa famille vivent en France depuis 2018. Nino a achevé une formation de dix huit mois pour être Accompagnant Educatif et Social et travailler avec des personnes âgées. Elle a même été embauchée par l'EHPAD le Relays à Broquiès au mois de juillet dernier.


Obligation de quitter le territoire français


Mais ces dernières semaines, les choses se sont précipitées. Nino a d'abord été convoquée à la Préfecture de Rodez fin août. La semaine dernière, le tribunal administratif de Toulouse a rejeté le recours déposée par son avocate. "C'est n'importe quoi", proteste Mélanie Cazottes la Directrice de l'EHPAD le Relays. "On a du mal a recruter des soignants dans nos établissements. C'est même encore plus difficile ici à Broquiès. Et quand on a quelqu'un qui est qualifiée, qui est motivée, on veut la faire partir simplement parce qu'elle n'est pas française". Nino Gabunia n'a plus le droit de travailler depuis quelques semaines. Ce qui complique la gestion de l'effectif des soignants. "Les filles se relaient pour remplacer Nino", reprend Mélanie Cazottes. "Mais on ne pourra pas tenir comme ça dans la durée".


Des solutions par la loi


Si la situation de l'EHPAD est difficile, des solutions existent. Mélanie Cazottes s'est penchée sur le sujet. "Ce n'est pas mon métier", assure t-elle. "Mais j'ai étudié la loi immigration 2024. Il est possible d'accorder un titre de séjour d'un an, pour des personnes travaillant dans des métiers en tension. On rentre pleinement dans ce cadre. C'est une décision que peut prendre et que doit prendre le Préfet de l'Aveyron". La balle est donc maintenant dans le camp de la Préfecture.


Amour du métier


Nino Gabunia est elle aussi plein d'espoir. "J'aime mon métier, j'ai eu un vrai coup de coeur pour ce travail avec les personnes âgées", insiste t-elle. "Quand je rentre du travail, je suis heureuse d'avoir apporté quelque chose à des personnes, qui sont toutes seules dans la journée. On apporte des soins, mais on apporte notre présence, notre humanité". Nino Gabunia défend avec force l'amour de son métier. Elle est prête aussi à défendre son dossier à la Préfecture. "Si monsieur le Préfet est d'accord, je veux bien lui expliquer ma situation de vive voix", poursuit-elle. "Lui dire pourquoi je veux travailler dans le soin. Lui dire pourquoi c'est important". 


Un nouveau recours a été déposé contre l'obligation de quitter le territoire. Mais il n'est pas suspensif. Nino son mari et ses deux enfants, pourraient donc être raccompagnés à la frontière rapidement. Malgré des éléments en faveur de l'intégration de cette famille. Malgré le soutien des collègues de Nino et de la Directrice de l'EHPAD. Malgré des difficultés de recrutement dans tous les établissements. Et alors que ce mardi 24 septembre, était journée de mobilisation des EHPAD, pour réclamer des moyens pour mieux fonctionner.


Quelle sera donc la réponse du représentant de l'Etat dans le département ? Saura t-il répondre avec humanité sur ce dossier ? Saura t-il apporter une réponse allant dans le sens de l'emploi, une priorité en Aveyron. La décision lui appartient. C'est aussi le rôle du Préfet que de défendre les dossiers difficiles sur son territoire. Celui de la famille Gabunia en est un. La nécessité pour un EHPAD de conserver du personnel soignant, en est un autre.