3 octobre 2024 à 4h16 par Fabien Taccard-Blanchin

US Montauban : A.Lanne-Petit : « les skills, les compétences individuelles pour un meilleur collectif »

Fraichement arrivé de Rouen dans le staff de l’US Montauban en ce début saison, Antoine Lanne-Petit est en charge des « skills ». Un poste que l’on voit de plus en plus dans les staffs des équipes professionnels de rugby, mais qui reste flou pour beaucoup. Alors il explique pour Totem ses missions, mais aussi son parcours, et ses premiers pas à Sapiac. Entretien.

Antoine Lanne-Petit, coach des Skills de l'USM
Antoine Lanne-Petit, coach des Skills de l'USM
Crédit : FTB - TOTEM

 

Alors tout d’abord, entraîneur des skills, c'est quoi ?

Entraîneur des skills, c'est en fait entraîner toute la démarche individuelle, toutes les compétences individuelles du joueur. « Skills » veut dire « compétences » si on le traduit. C'est toute l'approche individuelle, c'est à dire rendre le joueur meilleur techniquement pour qu’il soit meilleur au service du collectif.

Par les skills on entend très souvent tout ce qui est « attraper le ballon », jusqu'à la passe, avec tous les contextes de pression que l'on peut y mettre pour retrouver le contexte de match. Il y a tous les process de « duel », duel offensif, duel défensif. Jusqu'à la récupération. Ce sont toutes ces compétences individuelles qui vont faire qu’à la fin le collectif est meilleur.

 

On inclut aussi le jeu au pied, et d’un point de vue plus technique, d’autres exemples comme bien porter le ballon, d’un seul bras, aller chercher l’épaule faible sur la collision avec l’adversaire ?

Exactement, c'est tout à fait ça. On a aussi toutes les compétences qui sont importantes au poste, comme le lancer pour les talonneurs par exemple. Bien que moi, j'interviens peu, je pense que ça se voit à ma carrure (rires).

En fait, il y a toutes les compétences qui sont importantes sur des postes spécifiques, mais sinon sur toutes les compétences générales. Sur toutes les attitudes au contact, la démarche de passe, savoir courir avec le ballon et de bonne manière, le tenir à une main ou deux mains. Et tout ça, c'est toute l'approche skills que l'on va que l'on va avoir.

 

 

Antoine Lanne-Petit, coach des Skills de l'USM avec le trombinoscope de l'USM
Antoine Lanne-Petit, coach des Skills de l'USM avec le trombinoscope de l'USM
Crédit : @UsmSapiac

 

Est-ce qu'on va aussi un peu plus loin dans la démarche sur la motricité par exemple ?

Beaucoup sur la motricité, mais d'ailleurs ça devient de plus en plus important. Cette démarche de skills, elle est apparue je pense il y a qu'une dizaine d'années, et beaucoup en comparaison avec les anglo-saxons. Ce sont eux qui ont initié ce poste-là, et tout ce travail. Parce qu’auparavant on était sur le rugby ou les piliers par exemple, s'ils savaient attraper un ballon, c'était bien. Mais ce n'était pas très grave si ce n’était pas le cas. Par-contre sur une dimension « combat », ils étaient présents.

Mais oui tout à fait, en fait ça rentre dans cette démarche-là, et l'aspect motricité en lien avec les kinés, en lien avec les prépas physiques, elle est omniprésente. Et c'est très bien comme ça.

 

L’approche avec les joueurs, il faut qu'elle soit aussi un peu plus individuelle ? On ne fait pas faire les mêmes exercices à tel ou tel joueur, tel ou tel poste probablement aussi ?

Oui complètement. C'est aussi l’un des buts de de ma venue et des échanges que j'avais avec Sébastien avant de venir. C'était vraiment travailler sur une individualisation du travail. Bon, ce qui correspond complètement en plus à ce poste-là. Mais c'est vraiment travailler sur une progressivité avec chacun des joueurs. Concernant les axes de progression qui sont détectés, mais c'est important aussi de travailler les points forts.

 

Psychologiquement aussi, on a des approches différentes ?

Oui effectivement, c'est une approche vraiment individuelle pour chaque joueur avec des axes de progression, des points forts à travailler et une vraie progressivité dans le temps. Pour rendre le joueur le meilleur possible. Et là où aussi on encre une démarche, c'est de « co-construction ». Très souvent, les joueurs déjà, sur leur propre initiative ils viennent me demander des skills. J'échange avec eux par rapport à un clip vidéo où il me semble que sur la démarche on pourrait être meilleur, il pourrait être meilleur. Et moi je lui propose en fait des travaux à ce moment-là, et c'est plutôt bien perçu.

 

 

Comment sont les joueurs maintenant que vous êtes avec l’équipe au quotidien ?  

Ils sont réceptifs. Pour échanger beaucoup avec eux, parce que ça fait partie de ce rôle-là aussi d’entraineur des skills, sur la démarche individuelle ils sont, je pense vraiment satisfaits de la nouvelle philosophie de jeu qui est déclinée à l'USM. Donc il y a une belle énergie par rapport à ça et on arrivait au milieu de tout ça. Ça a été je pense, bien perçu par les par les joueurs, parce qu'ils avaient envie clairement, ça se voit, qu'ils ont envie de travailler de s'améliorer individuellement.

Comme moi je suis au service de ça, ça tombe bien. Donc oui je sens qu'il y a une très bonne énergie, je pense qu'il était important aussi de commencer à gagner des matchs comme ça a été le cas sur la 2e journée contre Mont-de-Marsan pour valider les process de travail. Ensuite c'est toujours plus facile de travailler quand ça gagne. Donc forcément oui, je sens bien le groupe. On essaie de concerner le maximum de monde sur les compositions d'équipes pour que tout le monde soit embarqué dans l'aventure. Et pour ceux pour qui ça n’a pas encore été le cas, ça ne saurait tarder. Et donc oui, franchement, je sens un groupe qui tire dans le même sens, et ça c'est très bien.

 

Comment s’est concrétisée votre arrivée à Montauban ?

J'étais à Rouen, au centre de formation, en tant qu’entraîneur principal des Crabos (moins de 18 ans, ndlr) et entraîneur de l'attaque du centre de formation. Après, la formation fait que il y a beaucoup de réflexions à titre individuel. Le but de la formation, ce n'est pas forcément de rendre l'équipe la meilleure possible, mais c'est de rendre les individus les meilleurs possibles pour les accompagner dans leur projet individuel, les amener vers l'équipe professionnelle. Donc j'étais déjà dans une démarche quand même d'individualisation assez poussée, et ce qui est le cas aussi beaucoup sur le centre de formation. Et ensuite j'ai beaucoup matché avec Sébastien (manager de Rouen la saison dernière, ndlr) par rapport à nos philosophies de jeu, et notre amour pour le beau jeu, le jeu offensif. On était énormément en échange l’an passé.

J'étais encore sous contrat au RNR, qui souhaitait me conserver et me donner plus de responsabilités sur le centre de formation. Il y a eu pas mal de tractations pour me libérer de cette année de contrat, pour trouver un terrain d'entente : une arrivée à la fin de la préparation du centre de formation et des crabos du RNR, et à la première journée de championnat ici.  

 

 

LE PARCOURS D’ANTOINE LANNE-PETIT

Âgé de 31 ans, Antoine Lanne-Petit a commencé le rugby à Lons, sa commune natale, dans la région de Pau où il évoluera jusqu’en minimes avant de partir pour la section Paloise en catégorie cadet et pour 4 ans. Avant de rejoindre ensuite le Biarritz Olympique, jusqu’à 22ans. Direction ensuite Saint-Médard-en-Jalles en région Bordelaise pour celui qui évolue à la charnière, principalement en demi-de-mêlée mais aussi à l’ouverture, en division fédérale.

C’est ensuite un retour sur ses terres natales, d’abord en tant que joueur, à Morlaàs et Bizanos, puis pour ses premiers pas en tant qu’entraineur, avec les cadets de la section Paloise.

Employé de banque en parallèle, Antoine Lanne-Petit décide de passer les diplômes d'entraîneur pour en faire son métier. Jusqu’à la saison 2023-2024, où il signe au RNR pour sa première expérience en tant qu'entraîneur professionnel, à plein temps, en charge des crabos et entraîneur du centre de formation. Une année « très enrichissante » selon lui, où son équipe finit champion de France en remportant le Challenge Elite Crabos contre le Biarritz Olympique 21-16. Un résultat historique pour le rugby Normand !

 

 

LES ANECDOTES

  • Si les liens entre Antoine et Sébastien Tillous-Bordes se sont naturellement crées lors de cette année normande, l’origine des deux entraineurs et ex-joueurs n’y est pas non plus étrangère. Le second est de Monein dans les Pyrénées Atlantiques, quand le premier est de Lons. 22 kilomètres séparent les deux communes de la région paloise.

 

  • Antoine Lanne-Petit retrouve Andries Hough (entraineur des arrières) à Rouen et Montauban, avec qui il avait joué à Morlaàs sur sa fin de carrière. Un « joli clin d'œil maintenant » pour l’entraineur des skills de l’USM.