26 janvier 2021 à 23h00 par Johan Gesrel

Un grossiste tarn-et-garonnais jugé dans l'affaire des "faux kiwis français"

Tarn-et-Garonne L'homme encourt 6 mois d'emprisonnement avec sursis et 50 000 euros d'amende.

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Un volet de l’affaire des "faux kiwis français" a été  jugé mardi soir devant le tribunal correctionnel de Montauban. Cette gigantesque arnaque mise à jour en mars 2019 par la répression des fraudes avait révélé que 15 000 tonnes de kiwis soit 12% du volume annuel était en fait d'origine italienne, grec ou néo-zélandaise. Depuis, plusieurs jugements ont été rendus en France à l'encontre de revendeurs et de producteurs. 

3000 tonnes de kiwis francisés pour un bénéfice de 120 000€

Dans le Tarn-et-Garonne, deuxième département producteur de kiwis, c'est une première. Un grossiste basé à L’Honor-de-Cos comparaissait pour tromperie sur la marchandise. De 2015 à 2017, il est soupçonné d'avoir acheté des kiwis italiens à la société Rivoira Frutta et de les avoir vendus sous l'étiquette "France" à une société d'expédition basée à Moissac. Selon les juges, 3000 tonnes de kiwis "francisés" auraient été écoulés par le grossiste. 

Ces kiwis italiens sont non seulement moins chers avec une marge moyenne de 4 centimes le kilo mais présentent aussi des résidus de pesticides interdits dans l’Hexagone. Selon les juges et les agents de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes, le "bénéfice illicite" est estimé à 120 000€.

Durant l'instruction, le gérant de L'Honor-de-Cos a visiblement donné du fil à retordre à la répression des fraudes. "Certaines factures ou documents ont mis 10 mois à nous être fournis", témoigne un agent à la barre avant d'ajouter : "des caisses de kiwis ne présentaient parfois aucune mention". Confus face aux juges, le grossiste tarn-et-garonnais a eu beaucoup de mal à se justifier : "J'ai acheté des kiwis d'origine France. C'est ce qu'on m'a dit. Je n'ai peut-être pas assez regardé".  "Vous ne lisez pas vos factures?", s'emporte la présidente du tribunal : "Pas toutes, pas assez", répond le gérant.

"Cette affaire a failli couler la filière française du kiwi" 

Pour la première fois depuis longtemps, l'ensemble des syndicats étaient réunis : la FNSEA via sa branche fruitière, la Coordination Rurale et la Confédération Paysanne se sont toutes portées partie civile. Françoise Roques est aboricultrice sur les coteaux de Moissac et a été récemment élue présidente de la Fédération Nationale des Producteurs de Fruit. Selon elle, le préjudice subi a failli couler toute une filière. 

 

Julien Pédelucq est le co-président du Bureau Interprofessionnel du Kiwi. Selon ce producteur, cette affaire des faux kiwis a pénalisé la profession et empêché certains jeunes de s'installer.  

Le procureur a requis 6 mois de prison avec sursis, 50 000€ d’amende et l’interdiction d’exercer une activité en lien avec le kiwi. La décision a été mise en délibéré au 23 février. 

 

 photo : des kiwis (DR)