Publié : 26 mai 2024 à 18h00 par Johan Gesrel

Tarn-et-Garonne : le méthaniseur Garonne Biogaz à plein régime

Installé sur la commune du Pin (Tarn-et-Garonne), le méthaniseur est opérationnel depuis le début de l'année 2024. Les apports agricoles et alimentaires permettent de produire assez de gaz pour alimenter une ville de 30 000 habitants.

Thomas Pagliarin, un des trois associés de Garonne Biogaz devant le méthaniseur.
Thomas Pagliarin, un des trois associés de Garonne Biogaz devant le méthaniseur.
Crédit : Johan Gesrel

Situé près de l’autoroute A62 entre deux vergers de pommes, le site de Garonne Biogaz  au Pin (Tarn-et-Garonne) tourne désormais à plein régime. Pour produire ce gaz, la recette est plutôt simple : il faut d’abord des CIVE, des Cultures intermédiaires à vocation énergétique. 20 000 tonnes sont nécessaires, explique Thomas Pagliarin. Il est un des trois associés avec Edouard Crubilé et Hugo Sazy :

"C'est une culture intermédiaire destinée à la méthanisation. Elle ne vient pas remplacer les cultures destinées à l'alimentation des hommes et des animaux. Ce couvert végétal était jusqu'ici broyé et laissé sur place dans le champ. Désormais nous le récupérons pour l'ensiler et ensuite le mettre dans le méthaniseur avec des restes de pommes et de melons.

 

Une machine pour séparer les aliments des emballages

Pour compléter la recette, le site ajoute une sortie de "soupe" issue des restes alimentaires des cantines ou des denrées dont la date de péremption est dépassée. Pour obtenir cette soupe, tout se passe dans un bâtiment de déconditionnement, explique Thomas Pagliarin : 

"On récupère une partie des déchets alimentaires issus des points d'apports volontaires. On parle ici des épluchures de fruits et légumes, des restes de nourritures. On a aussi les denrées de grande distribution qui n'ont pas pu trouver preneur au niveau des associations caritatives. On est au bout de la chaîne. Pour traiter tout ça, on a une machine performante qui sépare l'aliment de son emballage. On trie aussi les coquillages ou les fourchettes qui seraient tombées involontairement dans la poubelle du self. Pour l'instant les emballages sont enfouis à la DRIMM de Montech mais on réfléchit à une solution de valorisation. "

 

Le digestat comme substitut aux engrais chimiques

Les CIVE et les déchets alimentaires sont ensuite mélangés et placés dans deux gros méthaniseurs pour une durée de 100 jours, le temps que tout soit digéré et transformé en gaz. Une fois le cycle de méthanisation terminé, il reste ce qu’on appelle le digestat, une matière riche en azote, en phosphore et en potasse, explique Edouard Crubilé, un des trois associés de Garonne Biogaz. Il est céréalier et cultive 300 hectares tout près du site.

"Je produis de la culture intermédiaire pour le méthaniseur et je récupère le digestat. C'est une plus-value qui remplace une partie de l'engrais chimique. Et puis ça nous permet de ne pas être dépendant des cours mondiaux des engrais et des pays étrangers. Garonne Biogaz est un projet vertueux. Pour le monde agricole d'où je viens ça me permet d'avoir une vision à 15 ans grâce au rachat de gaz. Cela peut permettre de subvenir à nos besoins et à nos emprunts dans nos fermes."

 

Le site Garonne Biogaz emploie trois personnes et bientôt une quatrième. Le coût d'investissement de ce projet est de 14 millions d'euros. Un projet subventionné à hauteur de 17% grâce aux aides de l'Etat, de la région Occitanie et de la Communauté de Communes des Deux Rives.