14 novembre 2024 à 21h57 par Fabien Taccard-Blanchin

Procès en appel d'Emmaüs Tarn-et-Garonne : 1 an de prison requis contre les deux dirigeants

Les deux dirigeants d’Emmaüs Tarn-et-Garonne ainsi que leurs deux épouses étaient à nouveau jugé devant la cour d’appel de Toulouse. Il a été requis un an de prison avec sursis pour les deux hommes, 6 mois contre les deux femmes. Le délibéré est attendu le 23 janvier 2025.

La façade du magasin Emmaüs de Montauban
La façade du magasin Emmaüs de Montauban
Crédit : Johan Gesrel

 

Moins d’un an après la relaxe totale prononcée pour les 4 protagonistes, le directeur d’Emmaüs Tarn-et-Garonne, son directeur adjoint, et leur épouse respective avaient de nouveau rendez-vous face à la justice. C’était cette fois ce jeudi 14 novembre devant la cour d’appel de Toulouse, après la décision du procureur de Montauban, Bruno Sauvage, d’interjeter appel.  

Pourtant, comme en première instance, les réquisitions vont contre les dirigeants. Un an de prison avec sursis a été demandé contre les deux hommes, par Lisa Bergereau l’avocate générale, accompagnée d’une interdiction d’exercer pendant 5 ans en tant que dirigeant, et une inéligibilité de 5 ans dans une association. 6 mois de prison avec sursis ont été requis contre les deux femmes.

 

UN TROU DE 57.000 EUROS

Jugé pour abus de confiance et blanchiment au préjudice de l'association, c’est un trou de 57.000 euros dans les caisses d’Emmaüs Tarn-et-Garonne qui a alerté. Là-aussi, comme en première instance, le directeur affirme que les 100 000 euros déposés sur leurs comptes en quatre ans proviennent de dons de personnes qu'ils hébergent dans leur structure communautaire, ainsi que d'une aide financière régulière versée par leur famille finlandaise.

Ce dernier souligne qu'il a grandi dans une famille paysanne où l'on a l'habitude de conserver des économies en espèces. Il précise aussi que, s'il avait voulu cacher un quelconque détournement, il n'aurait pas déposé cet argent à la banque.

 

Quant au directeur adjoint, il précise que les dépôts en espèces proviennent de transactions de vente et d'achat de voitures (12 véhicules en 6 ans), d'un loyer versé par son père et de la vente d'une maison familiale en Arménie. Cela représente 90.000 euros en quatre ans. Il ajoute que, lorsqu'il était encore en situation irrégulière, sa compagne et lui bénéficiaient d'une aide financière qu'ils parvenaient à économiser, étant par ailleurs logés et nourris gratuitement. Il a ensuite été embauché chez Emmaüs avec un salaire initial de 2 300 euros, puis est devenu adjoint avec un salaire de 3.100 euros.

 

LE DELIBÉRÉ EST ATTENDU LE 23 JANVIER

L’avocate générale a de son côté insisté sur le mode de vie reposant beaucoup sur la possession d'espèces des deux responsables d'Emmaüs. Le président de la cour d'appel s'est aussi attardé sur les économies, en liquide, dont ils disposaient.

« On est dans deux situations où on a un rapport avec l'espèce extrêmement peu courant, qui interpelle »

La cour est revenue en détail sur l'enquête. Elle a mis en évidence un fonctionnement opaque de la gestion de l'argent en espèces au sein des sites d'Emmaüs 82, qui génèrent 500 000 euros par an. Dans le Tarn-et-Garonne, la communauté Emmaüs regroupe 240 compagnons sur 4 sites (La Ville-Dieu-du-Temple, Montauban, Grisolles, Castelsarrasin).

En ce qui concerne les sommes déposées sur les comptes des deux dirigeants, le parquet n'a pas fourni de nouveaux éléments permettant de prouver un détournement.

 

 

Parralèlement, le parquet de Montauban a le 20 juin, mis à nouveau en examen le directeur et son adjoint pour travail dissimulé, abus de confiance et rétribution inexistante ou insuffisante.