Publié : 7 mars 2025 à 10h59 par
Mathilde : "Le féminisme c'est la lutte pour l'abolition d'un système toxique pour les femmes mais aussi pour les enfants et les hommes"
La chanteuse est en concert ce samedi 8 mars au Théâtre de Mende à l'occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.
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« Martyre de la cause », « le Corps des femmes », « Guerrières de lumière »... C'est une chanteuse engagée qui ne laisse pas indifférente ni indifférent. Elle porte de ses textes, de sa voix, de son corps, la lutte pour l'abolition du patriarcat. Mathilde sera sur scène ce samedi 8 mars au théâtre de Mende. Invitée par le Centre d'information pour les droits des femmes et des familles. Et à travers elle c'est tout un chemin qui avance. En 2015, elle faisait l'émission The Voice, coiffée et maquillée sous les projecteurs. Aujourd'hui, elle chante « J'veux plus mentir » et se montre sans aucun fard. Quelle artiste plus appropriée pour le samedi 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.
Totem : Quel est le tournant entre ces deux moments ?
Je dirais que ce qui a beaucoup changé et qui a secoué le monde en bien et en mal, c'est le Covid. C'est une période où j'ai quand même vécu en pyjama et je me suis dit "c'est bien ça, je me sens mieux ! Je me sens mieux si je suis pas obligé de". Et je me suis dit que ce serait quand même bizarre que je ne garde pas ça après, que je me remette à faire des trucs que je n'aime pas et qui me prennent du temps, de l'argent et qui gâchent la planète. Et c'est à l'intersection de plein de décisions : mieux dépenser mon temps, ne pas produire du plastique, parce que quand on se décolore les cheveux, quand on se met des cosmétiques sur le visage... c'est un coût énorme pour la planète. Je n'avais plus trop envie de participer à ça et je n'avais pas envie de mettre de barrières entre les gens et moi. J'avais envie d'être plus dans une connexion immédiate.
Et en même temps, c'est un message qui est forcément féministe ?
Oui, c'est un message féministe, mais je pense aussi que ça peut être appliqué à n'importe qui. Les hommes, on peut leur dire : "t'as pas besoin d'aller à la salle 3 heures, t'as pas besoin d'aller t'acheter des pompes à 400 balles, t'as pas besoin d'une voiture qui pollue de fou. Je pense qu'il y a des us et des coutumes qui sont néfastes pour absolument tout le monde, mais effectivement comme moi je suis une femme dans un monde d'hommes, évidemment, mon point de vue est féministe, mais je pense que ça ne s'arrête pas là. Cette espèce de regain en souveraineté et de vouloir justement arrêter les artifices et arrêter d'être qui on n'est pas, je pense que c'est valable pour absolument tous les êtres humains.
Est-ce que c'est plutôt une lutte en faveur de l'égalité d'une manière générale, de l'humanité ?
Pour moi, il y a deux luttes parallèles. Il y a la lutte féministe qui est pour l'abolition du Patriarcat et il y a la lutte qui est égalitariste, tant qu'on n'a pas aboli le Patriarcat. Parce que l'égalité dans un système horrible, ça n'a pas d'intérêt. La lutte féministe, c'est cette abolition du Patriarcat et l'égalitarisme, c'est tant qu'on ne l'a pas aboli, que peut-on faire pour les problèmes en cours. Je pense que l'égalitarisme, c'est une lutte qui est pragmatique mais qui n'est pas pérenne parce que sinon, c'est l'égalité dans un système qui est de facto inégalitaire, c'est un peu le serpent qui se mange la queue. Je pense que c'est important pour l'instant de chercher l'égalité des droits effective, mais le but, c'est quand même que tout arrête d'être hiérarchisé, patriarcal, masculiniste. Et ça, vraiment, c'est la lutte féministe, c'est pour l'abolition de ces systèmes qui sont toxiques d'abord pour les femmes et puis pour tout le monde, les enfants et les hommes.
Concernant votre musique et vos textes. Certaines personnes sont galvanisées quand elles écoutent vos chansons, d'autres sont tristes ou en colère. Quand vous les écrivez, est ce que vous cherchez à susciter ces émotions ou est ce que c'est parce que vous les avez vous-même que vous écrivez ainsi ?
En vrai, moi, quand j'écris, je ne pense pas vraiment à la personne qui va l'entendre ou qui va l'écouter, je pense surtout à moi et à mon processus de faire sens des émotions qui me traversent et qui des fois sont tellement bouleversantes que j'ai un peu du mal à les identifier. Ecrire et chanter pour moi est une manière de les clarifier. Les émotions humaines sont universelles. Si je dis "je suis triste" à quelqu'un, il n'a pas besoin d'avoir les détails de cette tristesse. La personne peut tout à fait comprendre ce que c'est que la tristesse. Le fait que moi je m'exprime sur mes émotions, que je les chante et qu'après les gens chantent ces émotions avec moi, ça les autorise à les ressentir aussi. Les femmes ne s'autorisent pas vraiment la colère, même des fois la tristesse parce qu'il faut tout le temps être à disposition de tout le monde. Pour être là, pour être présente, pour prendre soin... En fait on s'autorise très peu à vivre pleinement nos émotions parce qu'il y a très peu de gens pour les accueillir et les recueillir. Et ça c'est la force de la musique. La musique nous permet de vivre toutes les émotions et on s'autorise vachement plus à travers une chanson. Et pour moi, c'est vraiment un bonus. C'est pour ça que je les chante à d'autres gens. C'est comme un outil pour ressentir des choses. Si ça peut vous servir, voilà, c'est là, c'est ici.
Propos recueillis par Hélène Gosselin
Mathilde a été invitée en Lozère par le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF). Elle est en concert ce samedi 8 mars à 20h30 au théâtre de Mende.
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