Loup : pour ou contre ? Le débat illustré à Tulle
Une double manifestation a réuni ce mercredi matin, à Tulle, des pro et des anti-loups. D’un côté des militants naturalistes défendent la biodiversité ; de l’autre, les éleveurs craignent pour leur métier.
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Le loup a t-il sa place en Corrèze ? Le débat est relancé et les oppositions vives et affirmées en témoigne la double manifestation organisée ce mercredi 19 mars à Tulle (Corrèze).
À l’appel de l’association One Voice, une cinquantaine de pro-loups se sont retrouvés devant la préfecture ; ils étaient tout autant d’éleveurs à répondre à la contre-manifestation initiée par la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de la Corrèze.
La présence confirmée d’un couple de loups sur le plateau de Millevaches, visiblement aux génétiques différentes fait, côté naturaliste, naître l’espoir d’un arrêt des tirs de défense alors que côté éleveurs, on craint, en ce début de printemps, constater de nouvelles prédations.
Dialogue de sourd
Pendant 15 minutes, 3 représentants pro-loups des associations One Voice et Carduelis, sont allés à la rencontre des éleveurs. Les 2 partis séparés par un cordon de policiers n’ont pas réussi à s’entendre : les éleveurs ont brandi des affiches de brebis attaquées par le loup, les « naturalistes » ont avancé des données statistiques des attaques. Ils n’auront au final, échangé qu’une quinzaine de minutes, les 2 manifestations étant séparées par le cordon des forces de l’ordre.
« Loup, cohabitation, non à l’extermination »
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Les défenseurs du loup manifestent en haut de la rue Souham, devant la préfecture. Slogans chantés « Loup, cohabitation, non à l’extermination », Christophe qui vit dans les Monédières explique : « il est important de protéger la nature, j’habite au milieu de la nature, je défends ce qu’il y a autour de moi, je pense que le loup est autour de moi et je suis là pour le défendre ».
La manifestation a été initiée par l’association One Voice dont Muriel Arnal est la présidente : « il y a urgence à protéger ce couple de loups dont le mâle a déjà été blessé une fois, ces loups sont revenus spontanément, il faut absolument les protéger ».
Quant à la résurgence d’un bras de fer entre 2 partis dans un dossier déjà brûlant, Muriel Arnal rétorque :
« le bras de fer ne vient pas de nous parce qu’on peut tout à fait travailler ensemble, mais il y a des éleveurs qui sont arc-boutés, parce qu’ils ne veulent dans la nature, que les animaux qu’ils vont envoyer à l’abattoir (…) Nous nous disons que la biodiversité, la ruralité, c’est une diversité d’animaux, que c’est riche pour les touristes, les générations futures et qu’il n’y a pas à dire, c’est les loups ou nous »
« La cohabitation, c’est un leurre de gens qui ont vu des dessins animés »
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Au bas de la rue Souham, les éleveurs ; parmi-eux, l’ancien président de la chambre d’Agriculture, Tony Cornelissen démonte l’idée d’une possible cohabitation loup-éleveur:
« La cohabitation, c’est impossible, c'est un leurre de gens qui ne sont pas dans la campagne, qui imaginent ça parce qu'ils ont vu des dessins animés et qu'ils ont lu des livres. Mais dans la réalité, il n’y a pas un agriculteur qui a été prédaté, qui peut imaginer que ça peut cohabiter (…) une population va diminuer et l’autre qui va augmenter, ce sera toujours au profit du loup »
Le président de la FDSEA, Emmanuel Lissajoux justifie l’appel à contre-manifester : « le loup, on n’en veut pas, il n’est pas compatible avec l’élevage et notre territoire corrézien. Par tous les moyens, il faut se débarrasser de cet animal qui nuit à la survie de l’élevage ».
Enjeu politique ?
L’exécutif départemental a apporté son soutien aux éleveurs. Pour la vice-présidente du conseil départemental, Hèlène Rome : « l’élevage est un secteur très important de l’activité économique de la Corrèze, notre élevage reste en plein air une bonne partie de l’année et qu’il soit menacé par la présence de grands prédateurs, c’est inconcevable ». L’association départementale des maires de la Corrèze a également manifesté aux côtés des agriculteurs.
Le Parti Communiste et Europe Écologie les Verts appuient eux, les manifestants pro-loups ; « la biodiversité, on la massacre depuis très longtemps et il faudra qu’on en sorte car elle fondamentale pour notre survie à nous » justifie la conseillère régionale EELV, Amandine Dewaele.
Ce jeudi 20 mars se tient en Préfecture, la cellule de veille de suivi du loup. Ce sera sans FDSEA et JA qui boycottent un rendez vous jugé « inutile ». Malgré leurs sollicitations, les associations naturalistes ne sont pas conviées.