12 octobre 2023 à 17h22 par Sébastien Claret

Lou Mazuc, le buron et le professeur

Roland Chabanon est un passionné. Ce professeur de 73 ans cherche à partager son érudition de façon concrète et ludique. Le lundi 9 octobre il avait donné rendez-vous à ses élèves du lycée Terre Nouvelle au buron du Théron pour leur faire découvrir la chanson des buronniers, Lou Mazuc.

Buron du Théron
Crédit : redaction

Situé à quelques encablures de Nasbinals, niché au milieu de l'Aubrac, le Buron du Théron est un petit trésor de l'histoire agricole aveyronnaise. Un témoignage d'une époque révolue, celle où des buronniers passaient de longs mois dans des conditions spartiates et précaires. C'est le buron du dernier buronnier de l'Aubrac. Ici, le temps s'est figé et c'est dans ce lieu de mémoire qu'un professeur d'occitan atypique, Roland Chabanon, a choisi de déplacer sa salle de classe. Le lundi 9 octobre des élèves de première du Lycée agricole Terre Nouvelle de Marvejols se sont donc retrouvés dans le buron Théron.

Lou Mazuc

Roland a 73 ans. Il exerce son métier depuis plus de 53 ans avec beaucoup de passion pour l'occitan. On le comprend vite quand on l'écoute parler avec ferveur de Lou Mazuc, la chanson des buronniers. "Je suis heureux d'être avec les jeunes et pouvoir encore partager avec eux mon savoir", se confie Roland, avant d'ajouter : "Je leur dis souvent : regardez en avant, mais jetez de temps en temps un coup d'œil derrière, sinon vous allez vous planter."

Le cours de Roland est parsemé d'anecdotes et d'érudition. On apprend les difficultés de la vie dans un buron, on découvre comment les pèlerins de Saint-Jacques sont à l'origine du trou dans la fouace, on sait maintenant d'où vient le mot Aligot. Au milieu des élèves, le professeur aligne les explications : "Nous sommes ici au Buron du Théron. L' origine est pré-celtique. Il n'y avait pas de "h" à l'origine, c'est quand on a francisé le mot qu'on l'a ajouté, et ça veut dire fontaine. Comme l'Aubrac était un lieu humide, il y a beaucoup de noms de lieux qui attestent de cette humidité, comme la croix de la Rode... la Rhôde, c'est un lieu où il y a de l'eau... le canal rhodanien, par exemple..."

Les racines

Au fur et à mesure des paroles de la chanson, le professeur d'occitan plonge ses élèves dans les racines profondes de leur culture. Il lui tient à cœur de montrer que l'occitan est partout et en chacun de nous : "La plupart de mes élèves ne parlent pas couramment l'occitan", reconnaît le professeur, "mais je leur montre que dans leurs conversations de tous les jours, on trouve des mots, des expressions populaires qui sont ceux de nos origines."

De leur côté, les élèves comprennent l'importance de revenir aux racines. "Ma famille a une exploitation agricole, donc c'est bien de savoir d'où viennent les choses et d'apprendre des choses du passé", affirme Coline. Sa camarade Eva partage son avis : "Ce sont nos racines, c'est là que tout a commencé... moi de toute façon je ne me vois pas partir d'ici..."

Une fois le cours terminé, les élèves profitent du paysage. Au son de l'accordéon, ils goûtent allongés dans l'herbe sous un soleil ardent. Parions que cette journée restera gravée dans leur mémoire.

Reportage