Publié : 11h21 par Hélène Gosselin

Le procureur de Mende tire la sonnette d'alarme : "La justice craque de toutes parts"

La rentrée solennelle du Tribunal de Mende, le plus petit de France, s'est déroulée ce jeudi 30 janvier

L'audience solennelle de rentrée 2025 du Tribunal de Mende
L'audience solennelle de rentrée 2025 du Tribunal de Mende
Crédit : Hélène Gosselin Totem

L'audience solennelle de rentrée du tribunal de Mende, le plus petit de France, s'est déroulé ce jeudi 30 janvier. Ni le président du Tribunal, ni le Procureur n'ont été optimistes pour les perspectives 2025. Non que les chiffres de la délinquance soient inquiétants, ils ont été légèrement à la hausse en 2024, mais les moyens pour assumer les missions ne sont pas à la hauteur de la tâche. Valéry Morron, le Procureur de Mende tire la sonnette d'alarme.

La justice craque de toutes parts. C'est le cas pour les magistrats, pour les greffiers, pour les agents d'une manière générale et même dans les services d'enquête, le constat est partagé dans tous les services, y compris dans les services du ministère de la Justice. Je ne vais prendre qu'un seul chiffre, nous avons deux magistrats à temps plein pour tout le département. Pour le Parquet, c'est moins que la moyenne nationale qui est de trois pour 1000 habitants. Et c'est moins que la moyenne européenne, où on est quatre fois moins que la moyenne européenne. Le troisième poste localisé en Lozère n'a jamais été pourvu. Tenir une année de plus, ce n'est pas toujours une évidence. On va y arriver, mais c'est dur, c'est dur chaque jour. 

Valéry Morron

« Nous avons toutes les formes de délinquance en Lozère, tout, en petite quantité ». C'est une formule que le Procureur de Mende a utilisée ce jeudi lors de l'audience solennelle de rentrée. Le plus petit Parquet de France a traité un peu plus de 4 000 plaintes en 2024. C'est 180 de plus qu'en 2023. Ce qui a réellement augmenté ce sont les présentations au Parquet, pour apporter une réponse rapide aux prévenus.

Chaque procureur peut gérer la délinquance comme il l'entend, avec des directives nationales qui sont déclinées régionalement et appréciées localement en fonction des moyens. On a particulièrement augmenté la présentation à l'issue des gardes à vue pour donner une réponse immédiate à des infractions d'une particulière gravité. Sur 4000 faits, une augmentation de 200 faits n'impacte pas massivement la juridiction. C'est vraiment la manière de faire pour le Parquet et sur certaines infractions qui ont été ciblées, les violences aux personnes, violences intrafamiliales où là nous avons décidé de généraliser cette réponse rapide.

Quant au trafic de stupéfiants qui fait l'objet d'une proposition de loi qui vient d'être examiné au Sénat, il reste à la marge en Lozère, précise Valéry Morron 

Je crois qu'il y a une spécificité à la Lozère qui a été épargnée pendant des années par certaines drogues. Du cannabis y en a toujours eu, mais on a très très peu voire pas du tout d'héroïne, de speed et d'un certain nombre d'autres produits. En revanche, j'ai constaté depuis mon arrivée qu'il y avait une explosion de la cocaïne et dans tous les milieux socio-professionnels et ça, le cordon sanitaire des Cévennes n'a pas réussi à l'endiguer. Il n'y a pas de narcotrafiquants à proprement parler dans le département. Ou alors il se cache très bien dans les Cévennes. Il y a quelques trafics, ils sont démantelés. Mais il y a cette diffusion de la cocaïne et ça crée chaque jour des personnes dépendantes, des malades et ça entraîne la commission d'autres infractions.

Par ailleurs, le Président du tribunal, Yves Gallego, a souligné qu'en termes de saisies et de lutte contre les trafics, le Parquet ne pouvait pas faire mieux avec les moyens actuels.

Valéry Morron 2
Valéry Morron 2
Crédit : Hélène Gosselin Totem