7 juin 2024 à 18h30 par Hélène Gosselin
La cueillette du narcisse, une fleur subtile pour les parfumeurs du monde entier
La saison de la récolte ne dure que quelques jours sur le plateau de l'Aubrac.
Sur le massif central, l'heure est à la cueillette d'une ressource précieuse et délicate : le narcisse. La fleur sauvage est ramassée depuis des générations pour en tirer des extraits destinés au milieu de la parfumerie.
Cette saison, les narcisses ont tardé à pointer leur corolle blanche. Trop de pluie et pas assez de soleil. Laurent et Sébastien Pagès sont éleveurs, mais viennent prélever l'or des champs chaque année ici, à Saint-Urcize, à la frontière entre Lozère et Cantal.
"On avait à peu près dix ans quand on a commencé, avec nos parents. Voilà quarante ans qu'on ramasse des narcisses. A l'époque on avait que des peignes, c'était pénible, maintenant on a un peu évolué", explique Laurent.
Il existe des chariots mécaniques, mais les frères Pagès préfèrent travailler à l'ancienne. Ils ont fabriqué un chariot qui permet de récupérer les têtes. Une sorte de brouette où des fentes ont été pratiquées pour que les tiges s'y glissent et que les têtes soient cestionner pour tomber d'elles-mêmes dans le bac.
Le narcisse ne se plante pas, ne se cultive pas, mais il a besoin qu'on lui offre les conditions pour pousser.
"On essaye de les préserver, confie Laurent. Il n'y a pas grand chose à faire, il faut éviter de piétiner et ne pas mettre d'angrais, ni de lisier, enfin le moins possible".
Pour cette fleur sauvage, qui n'est pas semée, la récolte peut varier de quelques dizaines de tonnes à 200 tonnes les meilleures années. Christophe Sireyjols, est le directeur de l'usine Sadev, une antenne de l'international flavor and fragrance, implantée à Aumont Aubrac :
"Ce qui peut impacter la floraison, ce sont d'un côté les aléas climatiques que nous avons connus ces dernières années, et d'un autre côté les pratiques agricoles. Il est très important de maintenir les fauches tardives sur ces prairies et de limiter au maximum les fertilisations qui font concurrence aux fleurs. Il y a vraiment un enjeu pour pouvoir conserver cette magnifique ressource qu'on etrouve sur le plateau de l'Aubrac et le grand massif central."
L'entreprise a installé une unité au plus près de la ressource pour pouvoir conserver le parfum unique de la fleur après cueillette. Elle vend ses absolus de narcisse à des parfumeurs du monde entier, à qui elle propose aussi des extraits de lichen, de cire d'abeille ou de foin de l'Aubrac.