"Je n'ai pas prévu de me taire" : un arboriculteur victime d'un cancer lié aux pesticides

Il avait contracté un cancer de la prostate à cause des pesticides. Bernard Guignes, cet arboriculteur de Montesquieu (Tarn-et-Garonne) de 65 ans, va devoir encore attendre pour connaître le montant de son indemnisation. Selon son avocate Me Hermine Baron jointe par TOTEM, le pôle social du tribunal judiciaire de Tarn-et-Garonne a décidé ce mardi 8 avril de renvoyer le dossier devant un médecin expert "dans un délai pour l'heure inconnu".

Incontinence et troubles sexuels

Durant 30 ans, Bernard Guignes a travaillé sur l’exploitation familiale de son ex-épouse à Moissac. Sur les vingt hectares de verger, l’arboriculteur produisait des pommes, prunes, kiwis, cerises et du raisin dans une démarche d’agriculture raisonnée.

Le cancer de Bernard Guignes a été reconnu comme maladie professionnelle en 2022 à la suite de plusieurs recours lui permettant d'avoir accès au Fonds d'Indemnisation des victimes de pesticides. Depuis l’ablation de sa prostate en 2019, l’ancien arboriculteur dit souffrir de problèmes d’incontinence et de troubles sexuels.

Bernard Guignes conteste le taux d’incapacité de 30 % qu’il juge insuffisant et réclame une réévaluation de la date de consolidation de son dossier. Le pôle social a d'ailleurs ordonné la jonction des deux affaires, précise Me Hermine Baron du cabinet de François Lafforgue. Ce dernier avait défendu l’agriculteur charentais Paul François et fait condamner Monsanto dans un arrêt de la Cour de cassation le 21 octobre 2020.

"Un combat pour la santé publique"

Aujourd'hui, Bernard Guignes accepte volontiers de parler de son cas. Sa récente médiatisation lui a permis de rentrer en contact avec d'autres arboriculteurs de Tarn-et-Garonne touchés par un cancer de la prostate : 

"Quand on prend la parole, le côté écologiste surgit souvent alors que pour moi ça n'a rien d'un combat écologiste. C'est un combat pour la santé publique, pour les malades, pour les riverains, pour les enfants qui naissent avec une malformation, pour les élèves dont l'école est à proximité de zone de traitement. Deux personnes m'ont contacté et je n'ai pas prévu de me taire."