Publié : 15 septembre 2024 à 23h02 par Johan Gesrel
Exclusif - St-Antonin-Noble-Val : 150 000€ de cultures de bambous saccagés par des inconnus
A Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne) cinq hectares d'une bambouseraie innovante ont été saccagés fin août. Les deux entrepreneurs à l'origine de ce projet défendent un bambou "made in France" écoresponsable et s'interrogent sur les motivations des malfaiteurs.
A Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne), cinq hectares de bambous ont été saccagés aux alentours du 26 août dernier dans une exploitation du village. Les clôtures ont été arrachées. 8000 jeunes plants de bambous ont été déracinés empêchant toute repousse.
L'irrigation saccagée à coups de couteau
Un préjudice estimé autour de 150 000€ rapporte Mathis Du Verne, cofondateur de France Bamboo avec Thomas Mignon :
"C'est une culture nouvelle qui bénéficiait d'un système d'irrigation dernière génération avec des goutteurs qui permettent de préserver la ressource en eau. Tout ça a été saccagé à coup de couteau. Le bambou hors de terre plus de 24 heures dans des périodes sèches comme nous étions il y a deux semaines meurt tout de suite."
Du bambou pour l'alimentation, les cosmétiques, le textile et la construction
L'exploitation qui compte 53 hectares a été achetée en toute légalité à Chrystelle Cavaillé la propriétaire d’une ancienne pépinière bien connue de Saint-Antonin-Noble-Val. Rencontrée par TOTEM, cette fervente défenseure du projet de bambouseraie nous explique avoir attendu deux ans pour vendre l’intégralité de ses terres et ses structures jusqu’à l’arrivée providentielle des deux jeunes entrepreneurs.
Seulement voilà, cette acquisition ne serait pas du goût de tout le monde. Certains auraient sans doute préféré voir les terres vendues à la découpe. Depuis, des tracts ciblant les deux entrepreneurs ont été distribués dans le village. Face à ces détracteurs anonymes, Mathis Du Verne rappelle l'importance de ce projet :
"Nous avons investi 1,5 millions d'euros. Le bambou est un matériau biosourcé et décarboné puisque fabriqué en France. Ce végétal a des caractéristiques remarquables qui peuvent remplacer le béton, le bois ou la pierre dans la construction. Les pousses de bambou sont aussi recherchées en tant qu'aliment. Or la France importe pour 300 millions d'euros de pousse de bambous chaque année pour son marché intérieur, principalement de Chine. Il y a donc un marché à conquérir. S'ajoute à ça des débouchés pour le textile et la cosmétique. Contrairement aux idées reçues, nous ne consommons que 1500m3 d'eau par hectare chaque année, soit un peu moins qu'une culture de pommes de terre."
"Nous avons bénéficié de la solidarité d'agriculteurs"
Contacté par TOTEM, le préfet de Tarn-et-Garonne Vincent Roberti dit suivre de près ce dossier tout comme les gendarmes qui ont ouvert une enquête après la plainté déposée par les propriétaires. Des caméras de vidéosurveillance ont même été installées pour surveiller les parcelles. Un investissement de plus pour Bamboo France même si Mathis Du Verne et Thomas Mignon se disent soutenus localement :
"Jamais je n'aurais imaginé devoir protéger un champ de bambous. Fort heureusement, nous avons bénéficié de la solidarité d'agriculteurs et de Saint-Antoninois pour sauver ce qui pouvait l'être. On ne baissera pas la garde. C'est un projet pour la terre et pour nos territoires ruraux à l'heure du changement climatique."
Dans une volonté de transparence, les deux entrepreneurs organisent ce mardi 17 septembre une réunion publique pour expliquer leur projet et ses applications. Rendez-vous à 18h à la mairie de Saint-Antonin-Noble-Val.