17h00 par Johan Gesrel

Exclusif - 50 ans du 17e RGP à Montauban : un commando parachutiste se confie

Ils font partie de l'élite militaire. Ces soldats de l'ombre toujours prêts pour les missions les plus périlleuses : les commandos du 17e Régiment de Génie Parachutiste de Montauban (Tarn-et-Garonne) ont accepté de parler de leur mission. L'un d'eux témoigne sur TOTEM.

Les commandos parachutistes du 17e RGP de Montauban à l'action.
Les commandos parachutistes du 17e RGP de Montauban à l'action.
Crédit : Photos fournies par le 17e RGP Montauban

Cette semaine, attendez-vous à voir pas mal de soldats défiler dans tout Montauban (Tarn-et-Garonne) et pour cause : le 17e régiment de Génie Parachutiste fête ses 50 ans d’implantation dans la cité d’Ingres. Pour cet anniversaire, les sapeurs ont mis les petits plats dans les grands avec des journées portes ouvertes et un spectacle son et lumière.

A cette occasion, zoom sur les soldats les plus secrets mais aussi les plus endurcis du 17e RGP : les commandos parachutistes. Seuls vingt militaires composent cette section souvent considérée comme l’élite au sein du quartier Doumerc. Le sergent-chef Gonzague a intégré les commandos parachutiste il y a neuf ans au terme d’épreuves drastiques. Il a accepté de répondre aux questions de TOTEM.

Comment avez-vous intégré cette section commando au sein du 17e RGP de Montauban ? 

Je me suis engagé en 2012, Après trois ans en compagnie de combat je me suis intéressé au groupement commando parachutiste. C'est là que j'ai postulé pour participer à leur semaine de sélection au sein du régiment. J'ai été pris du premier coup. A la fin de la semaine, on m'a annoncé la bonne nouvelle.

On parle d'une sélection rude et impitoyable...

Quand je me suis lancé, j'ai commencé une préparation intensive tant physiquement qu'intellectuellement parce que le commando c'est pas que du physique. On se réfère à la méthode de Crossops qui à la base, n'est fait qu'avec des gestes au poids du corps qui va nous permettre d'être endurant, d'être fort et puissant. Durant la semaine de sélection, ce qui est attendu c'est vraiment l'endurance et la résistance du candidat à la marche, au combat, etc.

Avez-vous participé à des opérations extérieures difficiles ?  

Sur les dix dernières années, la mission qui représente le plus le groupement commando parachutiste du 17e RGP de Montauban c'est le Mali dans le cadre de l’opération Barkhane*....

En opération extérieure, à quel moment intervenez-vous ? 

On est en alerte toute l'année. Les commandos du 17e RGP et de la 11e Brigade parachutiste sont prêts à partir au pied levé avec un préavis court. On doit assurer toute l'année. Nous avons une multicapacité et on travaille en interarme. Avec 30 commandos on peut réaliser tout un panel de missions comme allez chercher des terroristes, détruire un objectif ou faire du renseignement.  

Sur le terrain, on vous imagine avoir un port de charge assez élevé

C'est complètement la réalité. Par exemple au Mali, l'équipement individuel était de 15 kilos, vous rajoutez une musette de 20 kilos. Ensuite il faut marcher pour ensuite s'infiltrer jusqu'à l'objectif final. Comptez dix à quinze kilomètres de marche sous la chaleur qui peut atteindre les 55°C en Afrique. C'est ça notre mission. Du coup ce qu'on demande pendant les épreuves de sélection, ce n'est pas gratuit, on sait ce qu'il y a derrière.

Qu'en est-il de l'aspect mental ?

Chez les commandos l'état d'esprit repose sur la confiance dans ses coéquipiers ou son binôme. Si après 10 km d'infiltration avec une charge assez conséquente on ne peut compter sur son équipier, alors la mission ne pourra pas aboutir. Il faut un un gros mental en effet et du collectif.

L'adrénaline compte quand on est dans les commandos ? 

Il y a toujours de l'adrénaline parce que notre cursus et nos qualifications font que forcément c'est de la sensation en permanence. Il y a notamment le stage chuteur opérationnel que l’on passe. Quand vous êtes en chute libre, ça donne lieu à de fortes sensations. On est souvent en hélicoptère aussi. On a les qualifications d'aérocordage donc on peut être déposé en rappel ou en corde lisse, récupérés en grappe. Tout ça donne lieu forcément à de la vitesse, des sensations qui vous amènent de l'adrénaline. 

Militaire c'est un métier à risque, est ce que le métier de commando est plus risqué encore ? 

Le métier de militaire de base est un métier à risque. Le commando va prendre plus de risques mais derrière c'est la sécurité à 360°. On fait confiance à notre équipe, à son binôme donc on prend peut-être plus de risques mais la sécurité reste primordiale. 

Etant donné l'exigence de vos missions, y'a-t-il une limite de temps chez les commandos ?

Au bout d'un certain nombre d'années, on est un peu plus usé si j'ose dire. L'enchaînement des missions, des entraînements, des exercices fait qu’au bout d'un moment on est un petit peu fatigué. Après il y a un "recyclage". On passe beaucoup de qualifications. On ne se repose jamais sur nos acquis. C'est une remise en question permanente. On va aller chercher l'excellence et pour ça, il faut retravailler toutes les spécialités.

Vous avez 33 ans, vous voyez continuer dans les commandos dans les prochaines années ? 

Oui, j'ai encore de l'énergie à revendre, je suis très motivé pour la suite. En ce moment on prépare les sélections donc derrière on va pouvoir partager notre expérience et notre savoir-faire avec les plus jeunes. On va les préparer pour les futurs stages qui vont être durs pour eux. 

 

* En 2020, plusieurs militaires du 17e Régiment de Génie Parachutistes ont été blessés durant les affrontements au Mali dans le Sahel. Trois parachutistes de Tarbes y avaient trouvé la mort.