"Du papier on peut le restaurer, quand il y a un bug informatique tout est effacé"

Bibliothèques en ligne, crypto-monnaies, coffres-forts numériques... à l'heure de la dématérialisation généralisée, on peut se demander quel est l'avenir de certains métiers de l'artisanat. Léana Bourgon, par exemple, est relieuse. Elle s'est installée en Lozère, dans le village de La Malène depuis un an.

Au coeur de l'été, de nombreux touristes se croisent dans ce petit village des Gorges du Tarn connu pour ses bateliers et ses sorties en canoë. L'atelier Kezaco y a pignon sur rue. On l'identifie facilement grâce à ses petits carnets et ses marque-page installés sur des présentoirs. Léana Bourgon travaille sur de gros volumes : 

"Mon activité principale est la reliure. On m'apporte de vieux livres que je vais réparer, recoudre à la main, puis faire tout le travail de reliure, de couverture et de dorure. Je m'occupe de vieux livres ou de livres plus récents qui vont avoir une valeur sentimentale, comme le livre de recette de la grand-mère ou le livre de contes de votre enfance, ou de livres qui vont avoir une valeur monétaire."

Le travail pour les particuliers et la création personnelle de carnets ou de marque-page ne représente qu'une partie du travail de Léana Bourgon. 

"Les mairies doivent relier leurs registres d'état civil et de délibérations. Les archives départementales font également appel à des relieurs. Même si les administrations numérisent tout, il suffit d'un bug informatique pour tout perdre. On retrouve encore dans les archives des ouvrages du 14ème siècle. le papier, même dans un incendie on peut en ressortir quelque chose, mais quand il y a un bug, ce qui est effacé, est effacé". 

La reliure qui garde donc toujours du sens. Et quand elle s'est installée à La Malène, la jeune femme ne le savais pas encore mais, ce faisant elle perpétue une tradition des bateliers qui pratiquaient la reliure pendant les longs mois d'hiver. Certains anciens bateliers-relieurs habitent d'ailleurs encore le village.