Publié : 9 avril 2025 à 17h56 par Tiphaine Coulon
Comment améliorer la prise en charge de la ménopause ?
Un rapport fait 25 propositions pour faire de la ménopause une priorité de santé publique.
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Faire de la ménopause, qui concerne actuellement 17 millions de femmes âgées de 45 ans et plus en France, une priorité de santé publique : un rapport parlementaire formule 25 propositions pour garantir enfin une prise en charge adaptée, aujourd'hui "impossible du fait d'inégalités sociales et territoriales".
"Ces propositions sont pragmatiques, chiffrées, applicables dans un horizon de deux ans", a estimé la députée macroniste Stéphanie Rist en remettant, ce mercredi 9 avril, à la ministre de la Santé Catherine Vautrin les conclusions de la mission qui lui avait été confiée à l'automne. Le chef de l'État Emmanuel Macron avait souhaité que soit dressé un "état des lieux de la prise en charge" et "des difficultés rencontrées par les femmes en termes d'information et de
suivi".
Une étape qui impacte la vie sociale
Synonyme au plan médical de fin de l'activité ovarienne et de l'arrêt des cycles menstruels, la ménopause a des conséquences sur la santé des femmes : symptômes invalidants, risque d'apparition de pathologies futures (ostéoporose, risques cardiovasculaires, cognitifs…).
C'est aussi une étape qui touche toute leur vie sociale, et une "construction sociale qui contribue à en faire un tabou". Or les femmes se retrouvent "bien seules" face à "des informations contradictoires" et des professionnels qui souvent, "faute de formation, ne proposent pas de prise en charge", souligne le rapport. "Ainsi s'accommode-t-on que des femmes refusent une promotion, quittent leur emploi ou partent en retraite anticipée, avec des coûts importants pour les entreprises", voire qu'elles aient des infarctus ou des fractures graves, faute de prise en charge adaptée.
Face à cette situation, les parlementaires préconisent de "garantir une prise en charge adaptée pour toutes", aujourd'hui rendue "impossible" par des "inégalités sociales et territoriales", et de "changer le regard" grâce à "l'éducation dès le collège", une communication efficace et un "soutien à la recherche". Chaque femme doit se voir proposer "un parcours individualisé de la ménopause (le PIM), pluridisciplinaire" grâce à une "coordination accrue entre professionnels médicaux et non médicaux" et "les initiatives locales de centres spécialisés ou de consultations pluridisciplinaires" doivent être soutenues.
Établir "des recommandations claires"
Bien davantage prescrit "dans les départements les plus riches", le traitement hormonal de la ménopause (THM) a profité à seulement 2,5 % des femmes ménopausées en 2024, "un chiffre qui s'est effondré comparé au début des années 2000". Les sage-femmes devraient pouvoir le prescrire "sous conditions de formation et de parcours coordonné". "Il faut dépasser le débat pro ou anti hormones" en établissant des recommandations claires, s'appuyant sur l'ensemble des thérapeutiques reconnues comme efficaces", sur la base desquelles les professionnels seront formés, plaident les parlementaires. Elles feront l'objet de recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) "d'ici mi-2026", a précisé son président Lionel Collet.
Quel coût économique pour le défaut de prise en charge ?
Nulle donnée statistique n'existant en France "sur le coût économique du défaut de prise en charge et d'accompagnement de la ménopause" (chiffré à 11,6 milliards d'euros par an au Japon), il faut l'évaluer. Très peu mobilisés, les employeurs doivent "adapter les conditions de travail" en "s'inspirant des réussites à l'étranger".
Le rapport propose d'intégrer l'enjeu de la ménopause dans la visite médicale de mi-carrière à 45 ans, de créer un guide "Ménopause sur le lieu de travail" destiné aux managers et aux salariés et d'encourager "l'élaboration d'un diagnostic suivi d'un plan d'adaptation des conditions de travail à l'échelle de chaque établissement". Or aujourd'hui, les débats sur l'emploi des seniors, la qualité de vie au travail ou la retraite font "l'impasse" sur la ménopause, qui doit être pleinement intégrée à "la politique RH et managériale des grandes entreprises et des services publics", selon les parlementaires.
(Avec AFP)