Aveyron : Les agriculteurs allument des feux de la colère contre l'accord UE-MERCOSUR

Des scènes que l'on connaît bien désormais : les ronds-points investis de nouveau par les agriculteurs. On a sorti la paille et le bois pour y mettre le feu, comme à Espalion.

Christophe est éleveur bovin dans le nord Aveyron, il dénonce des normes sanitaires beaucoup plus souples en Amérique du Sud, où les éleveurs ont par exemple le droit d'utiliser des antibiotiques et des hormones de croissance :

Ça veut dire que pour faire des produits qui font entre 450 et 500 kilos, nous ça nous prend 12 mois, et en Amérique du Sud ça ne leur prend que 7 ou 8 mois avec les hormones de croissance. Et puis la viande aux hormones, vous la mettez dans une poele, vous perdez la moitié en flotte. Demain, cette viande elle risque de se retrouver dans nos cantines ou nos hopitaux, c'est ça le risque aussi.

Si vous êtes bon en calcul, ça fait 4 mois de nourriture pour bétail d'économiser par les éleveurs d'Amérique du Sud. Ça explique en partie le prix si bas de leur viande, entre 3 et 4 fois moins cher que la viande bovine française.

Ce modèle agricole des pays du Mercosur est aussi pointé du doigt sur un autre rond-point, direction le Ségala, à la Mothe. Bernard est éleveur à la retraite :

Au Brésil, il y a des exploitations qui sont aussi grandes qu'un département français. Effectivement, si on est en concurrence avec des pays comme ça, c'est fini pour nous. Regardez les bœufs brésiliens quand ils sont maigres avant l'engraissement, et comment ils sont à la fin. En fait ils sont bodybuildés avec des produits qui chez nous sont interdits depuis belle lurette. Les antibiotiques et les hormones de croissance, ça passe dans la viande, et donc ils agissent aussi sur le corps humain. Ce n'est pas de la bonne qualité.

Le crépitement des feux de la colère peut aussi nous rappeler le feu qui ravage la forêt amazonienne, que les Brésiliens n'hésitent pas à brûler pour y implanter leurs méga-fermes.