7 octobre 2024 à 20h40 par Johan Gesrel

A Montauban Thierry Marx condamne l'ubérisation de l'hôtellerie-restauration

Le chef étoilé et ex-juré de TOP chef sur M6 Thierry Marx était ce lundi 7 octobre à Montauban (Tarn-et-Garonne). Le président de l’Umih, l’Union des Métiers et Industries de l’hôtellerie participait à un forum organisé toute la journée à Sapiac. Il a répondu aux questions de TOTEM.

Thierry Marx lors du forum de l'UMIH 82 à Montauban.

Crédit : Johan GESREL

Quel message êtes-vous venu adresser à vos collègues de l'hôtellerie-restauration et aux services de l'Etat ?


Le message à faire passer en tant que président de l'UMIH, c'est qu'il y a des combats à mener pour un tourisme beaucoup plus vert, un tourisme qui a un impact social et environnemental. Dire aussi que l'action syndicale n'est pas qu'une qu'une action de contestation, c'est une action de proposition pour améliorer nos métiers, notre visibilité et l'accueil des gens jeunes dans nos métiers. Et puis il faut se regarder en face. Les problématiques qui télescopent notre univers de l'hôtellerie restauration c'est l'ubérisation avec les meublés touristiques comme Airbn'b. En parlant avec mes collègues ici à Montauban, j'ai vu des entreprises qui sont en grande difficulté parce qu'elles sont télescopées par des gens qui ne payent pas d'impôts, qui ne payent pas de taxes, qui ne sont pas contrôlées. Il va falloir que l'État se positionne sur ces sujets sinon c'est la mort de petites entreprises. On est toujours en train de parler du libéralisme de l'économie, mais là c'est un libéralisme très dur, très capitaliste qui met notre secteurs en danger.


Pourtant votre secteur sait s'adapter ? On pense à la révision des salaires des serveurs pour être plus attractif...


Oui on s'adapte, on est résilient mais il y a quand même 8000 entreprises qui ont fermé l'année dernière. On traverse une crise très dure aujourd'hui dans les entreprises car elles n'ont plus de trésorerie. Cette trésorerie a été absorbée par le coût de l'énergie. Les entreprises qui arrivent à la barre du tribunal risquent de ne pas se voir  reconduire une aide quelle qu'elle soit. On tire toujours la manche de Bercy. Après il faut le reconnaître les entreprises ont pu survivre grâce aux prêts garantis par l'État. Mais il ne faudrait pas que ces entreprises aujourd'hui disparaissent. Et qu'est-ce qu'on ferait de ces prêts garantis par l'État ? On ne peut pas les faire payer aux collectivités.


Vous avez interpellé le préfet de Tarn-et-Garonne sur cette ubérisation de votre secteur ?


Effectivement, pourquoi certains ne payent pas de taxe ? Pourquoi certains ne payent pas d'impôts sur notre sol français ? Et pourquoi c'est simplement les entreprises, les chefs d'entreprise de l'hôtellerie-restauration qui sont en permanence taxés, surtaxés, contrôlés. Aujourd'hui nous sommes contrôlés sur l'hygiène, ce qui est normal, mais ce sont des entreprises privées qui le font avec des formules parfois arbitraires. Tout ça manque de cohérence. Il est temps que le syndicat de l'hôtellerie-restauration se modernise pour aller dire à l'Etat ce qui ne va pas et dénoncer cette dérégulation du système.


Pour vous c'est une question d'avenir ? Il en va de la gastronomie française dans les années à venir ?


Tout à fait. Le style français, la gastronomie française aujourd'hui, elle est un peu mise sur le reculoir parce qu'elle n'est pas du tout accompagnée. Quand vous prenez l'Espagne et les provinces comme la Catalogne ou le Pays basque, vous voyez un accompagnement très puissant, très fort. Un accompagnement des régions, pas forcément de l'État, peut créer de l'attractivité. En France, on a toujours un petit doute sur oui ou non, on augmente la TVA ? On va mettre une taxe en plus ou un contrôle en plus ? Par exemple avant les Jeux olympiques, un ministère a voulu contrôler 10 000 hôtels mais pas les meublés touristiques. Donc vous jetez l'opprobre sur une profession et puis vous laissez de côté ces entreprises un peu floues qui ne payent pas de taxe en France et vous laissez faire. L'État doit jouer son rôle d'arbitre en disant ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas.