11h04 par Fabien Taccard-Blanchin
Mathis Lalanne, le « Sport Scientist » de l’US Montauban
En poste depuis la saison dernière, Mathis Lalanne est en charge de l’analyse des datas dans le staff de l’US Montauban. Une mission qu’il décrit et explique pour Totem.
Lalanne Mathis, le monsieur Data de l'USM
Crédit : @USMSAPIAC
Il ne se définit pas comme un « Data scientiste », poste beaucoup plus basé sur l’informatique, mais plus comme un « Sport Scientist », puisqu’il fait partie intégrante de l’équipe des préparateur physiques. Mathis Lalanne, 23ans, est en charge de l’analyse des données des joueurs pour l’US Montauban, depuis la saison 2023-2024. Des « datas » recueillies par les GPS que portent les joueurs, en match comme en entrainement, que ce soit lors de séances « non courues » ou celles pour les mêlés ou les touches. Tout au long de la semaine.
Quel est votre post au sein du staff de l’USM ? C'est spécialiste des datas ?
Alors moi je ne l'appellerai pas ça comme ça. Parce qu’un « Data Scientist » c'est vraiment une personne qui est derrière l'ordinateur, qui va chercher des analyses sur des paramètres bien précis. Moi je me considère plus comme préparateur physique, parce que j'interviens sur le terrain avec les joueurs aussi en muscu. Même si ma fonction principale c'est le GPS, on peut appeler ça un « Sport Scientist ».
Le GPS c'est ce qu'on voit souvent dans l'espèce de petite brassière que portent les joueurs ?
Ouais, c'est vraiment un petit boîtier noir qui nous permet, aux entraînements et en match, de recueillir des données comme la distance parcourue ou la vitesse. Et nous, on a un retour en live et on peut voir quel joueur est allé courir vite ou quel joueur n'a rien fait. Du coup on fait le retour au coach et aux préparateurs physiques.
Quelles données exactement vous recueillez ?
Sur nos 2 grosses journées d'entraînement, on a une thématique vitesse. On va demander à tous les joueurs d'obtenir leur « 90% », la « V Max » (vitesse maximale). Et ça nous permet de faire un suivi pour la prévention des blessures. Et de permettre aux joueurs de refaire leurs performances tout au long de l'année.
Une fois que vous avez récupéré les données, comment les interpréter ?
Alors une fois que je récupère les données, j'envoie un rapport aux joueurs et au staff en même temps. Et de là, avec les prépas, avec qui on fait souvent des réunions, on regarde si on est vraiment rentré dans nos données par rapport à la thématique du jour.
Et après les deux jours d'entraînement, on va chercher les données qui nous manquent sur la semaine pour les joueurs hors groupe, et faire en sorte qu’ils aient le moins de différence avec ceux qui vont jouer.
Est-ce que le staff choisit la composition d'équipes en fonction de ces données ?
Alors non, les GPS ça reste quand même secondaire, ce qu'on présente en principal, c'est le rugby. Évidemment que le GPS c'est un outil, c'est un moyen d'aide à la performance, mais ça ne remplacera jamais le rugby. Donc c'est vraiment plus un outil d'aide, mais pas un outil de décision.
Est-ce que les joueurs vous craignent avec les données de courses que vous recueillez aux entrainements ?
Alors justement, il y a de plus en plus de joueurs qui viennent me voir à l'ordi, pour me demander « alors combien j'ai fait ? ». Des mecs qui demandent, ils sont vraiment à la recherche de telle ou telle information. « Est-ce que j'ai assez couru ? » Ils sont vraiment demandeurs de ça, donc c'est quand même de de bons rapports. Évidemment qu'il y a des joueurs qui savent, mais on ne va pas leur taper sur les doigts. On va plutôt chercher à comprendre pourquoi. C'est vraiment pour avoir un retour avec eux qui est pertinent. Mais sinon les joueurs sont demandeurs.
Dans ton poste, il y a aussi le volet prépa physique ? Compilé avec les datas, cela permet de prévenir des blessures ?
On est 4 préparateurs physiques, et on est tout le temps en échange. Parce que les GPS sont aussi sur les blessés. C'est vraiment une communication à temps plein. Cette information, cette communication qui est importante pour que la performance soit vraiment optimale.
Est-ce que le rôle de « Data Scientist » peut avoir une place encore plus prépondérante à l’avenir ?
On a vu l'émergence des GPS, ils sont beaucoup plus présents aujourd'hui que les années précédentes avec le développement de nouvelles technologies. Donc pour moi ce poste-là, il a autant sa place qu'un intendant, qu'un coach, ou qu'un analyste vidéo. En fait aujourd'hui on est obligé de s'appuyer sur le GPS parce qu'on a que ces données externes et valides pour s'appuyer et voir ce que font les joueurs sur le terrain. Et c'est aujourd'hui important pour gérer l'entraînement.
LE PARCOURS DE MATHIS LALANNE
Une licence et un master STAPS en poche (obtenu à Tarbes), Mathis Lalanne originaire du Pays Basque a commencé le rugby à Bayonne, où il a joué dans toutes les catégorie jeunes jusqu’à espoir. C’est en 2022 qu’il intègre Sapiac, via l’Association, où il travaillait avec les -16ans, puis les crabos et les -18ans. C’est en 2023, une fois ses études terminées, qu’il rejoint la section professionnelle de l’US Montauban, en tant que préparateur physique. Il continue le rugby en parallèle, désormais à 7, à Balma (Haute-Garonne).