22 mars 2024 à 5h30 par Julia Hult
Les jeunes boudent les boîtes de nuit
Dans le paysage nocturne, une transformation significative émerge parmi les jeunes. Aujourd’hui, les adeptes des boîtes de nuit se font rares et ces derniers optent désormais pour des alternatives plus intimistes et décontractées, privilégiant les after-work et les concepts de bars tapas.
Le bar Au bruit qui court à Rodez (Aveyron).
Crédit : ©JH/Totem
Cette évolution s'explique par plusieurs facteurs. Tout d'abord, la montée en popularité des after-work et des bars tapas qui ferment à 2h du matin comme l'a constaté Alexis Fraysse, gérant du Bruit qui Court à Rodez.
« Aujourd’hui les gens préfèrent faire la fête autrement. Ils viennent après le travail vers 18h, boivent un coup, s’ils veulent rester y’a les tapas sur place. Ensuite ils peuvent danser et faire la fête jusqu’à 2h du matin. Et ça du mercredi au samedi soir. Parfois, ils finissent en boîte, parfois non. Aujourd'hui, ils privilégient plus le fait d’être frais et en forme pour le lendemain ».
Alors finis les lendemains difficiles après une nuit enflammée en boîte de nuit, les jeunes préfèrent désormais des sorties plus modérées qui leur permettent de rentrer tôt et de se reposer convenablement. Aujourd’hui à Rodez, il n’y a qu’un seul bar de la sorte mais selon Alexis, cela ne saurait tarder.
Boire un coup en terrasse, à Rodez (Aveyron).
Crédit : ©TC/Totem
À cause de la crise sanitaire ?
Cette tendance s'ancre profondément dans les nouvelles habitudes influencées par la pandémie de Covid-19. Les confinements successifs ont incité les jeunes à privilégier les rencontres en petit comité, à domicile, autour d'un apéro convivial plutôt que de s'aventurer dans des lieux bondés et potentiellement risqués pour leur santé. C'est ce qu'explique le gérant de bar.
« Le Covid-19 a vraiment changé les habitudes des gens. Ils rentrent plus tôt, consomment moins. Ils ont pris l’habitude des apéros à la maison. C’est aussi une nouvelle génération, les jeunes adultes qui viennent d’avoir 18 ans ont passé quasiment un an avec l’école à distance, ils ont, peut-être, moins pu se faire d’amis donc ne sortent plus en bande. Aujourd’hui ils sortent à deux, trois maximum. Le Covid-19 a vraiment impacté le monde de la nuit et pas que... Peut-être que c’est un cap à passer et peut-être dans quelques mois, tout le monde reprendra les anciennes habitudes".
Piqûres et inflation
Alexis explique aussi que le scandale des piqûres dans certaines boîtes de nuit a également dissuadé bon nombre de fêtards de fréquenter ces établissements :
« On a renforcé la sécurité après ce scandale. On a eu qu'un seul cas mais on a quand même directement pris des mesures strictes. Plus de vigiles, fouilles systématiques etc. Aujourd’hui on en entend moins parler, mais je suis sûr que ça a dû dissuader bon nombre de jeunes filles, notamment, à sortir en boite ou même dans les bars dansants ».
En outre, l'inflation galopante a eu un impact significatif sur les choix de consommation des jeunes. Le coût, des fois, élevé de l'entrée en boîte de nuit, combiné aux prix des boissons, souvent affichées à 10€ voire 12€ le verre, constitue un frein majeur. Face à ces prix, de nombreux jeunes préfèrent dépenser leur argent de manière plus judicieuse, optant pour des alternatives moins onéreuses et plus accessibles comme acheter à boire au supermarché et faire apéro à la maison, ou boire une bière ou deux ou trois dans un bar plutôt qu'un seul en boîte de nuit.
Ainsi, les jeunes ont radicalement transformé leurs modes de consommation nocturne. En délaissant les boîtes de nuit au profit d'after work, de bars tapas, bars à ambiance. Ils expriment un désir de convivialité sans les excès et les dépenses superflues. Cette transition reflète une adaptation aux contraintes actuelles.