Publié : 28 janvier 2025 à 15h46 par Simon Depuydt
Immigration : les restaurateurs grincent des dents après la circulaire de Bruno Retailleau
En fin de semaine dernière, Bruno Retailleau dévoilait une nouvelle circulaire sur la régularisation des sans-papiers. Un coup dur pour le secteur de l’hôtellerie-restauration, qui fait déjà face à des problèmes de recrutement.
Le secteur de l'hôtellerie-restauration demande son inscription sur la liste des métiers en tension
Crédit : Pexels - Illustration
Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, a présenté la nouvelle circulaire immigration, vendredi 24 janvier. De nouvelles règles concernant la régularisation des travailleurs sans-papiers, plus strictes que dans la précédente circulaire, qui avait été détaillée par Manuel Valls en 2012.
Pour qu'un ressortissant étranger, qui travaille en France, puisse être régularisé, il lui faudra maintenant 7 ans de présence sur le territoire français, contre 5 ans auparavant.
Et c’est un problème pour l’union des métiers de l’hôtellerie-restauration, qui rencontrait déjà de grosses difficultés pour régulariser cette main-d'œuvre qui leur est nécessaire, comme l'explique Michel Santos, restaurateur et président de l’UMIH en Aveyron.
Moi, j'ai plein d'adhérents qui m'appellent quand ils ont des ressortissants étrangers qu'ils veulent embaucher, et qui me disent que c'est très compliqué aujourd'hui pour arriver à monter les dossiers pour les faire venir. J'ai eu le cas, il n'y a pas longtemps, une jeune fille mineure qui était en France depuis plusieurs années, et dès qu'elle a eu la majorité, on lui a dit de repartir. Ce n'est pas logique, elle a sa mère et sa sœur qui sont sur le territoire, et elle, aujourd'hui, elle ne peut pas travailler parce qu'elle n'a pas de papiers. Alors qu'elle a fait une formation en cuisine, elle a fait ses études à la chambre des métiers de l'Aveyron, et le jour où elle est devenue majeure et qu'elle était diplômée, on a dit "non, non, vous n'avez pas de papiers, rentrez chez vous".
L'UMIH demande à rencontrer Bruno Retailleau pour lui expliquer "la réalité de l'emploi dans le secteur", qui fait déjà face à des problèmes de recrutement, et qui aimerait pouvoir embaucher plus facilement de la main d’œuvre étrangère, mais encore faut-il qu’elle puisse être régularisée. La tâche s’annonce plus compliquée que jamais avec ces nouvelles règles, alors la profession demande à être inscrite sur la liste des métiers en tension.
Il nous manque de la main d'œuvre en permanence. Nous, aujourd'hui, on veut embaucher des gens qui sont hors Communauté européenne, des cuisiniers, des serveurs, puisqu'on fait partie des métiers qui ne se délocalisent pas, donc on est obligés d'avoir des gens sur place pour travailler, et on se rend compte qu'on a de plus en plus de difficultés à régulariser ou à faire venir des gens. On nous met des bâtons dans les roues par rapport à ça. Aujourd'hui, on était à 5 ans, si demain, on passe à 7 ans, on va avoir une grosse problématique de main d'œuvre dans les années à venir.
La liste des métiers en tension devrait être actualisée à la fin février, mais on ignore encore si les métiers de l’hôtellerie-restauration y seront inscrits.