Publié : 17 mars 2025 à 21h08 par Stéphane Jacquemin

En Corrèze, le gel provisoire du Pass Culture Collectif inquiète

Le dispositif permettait jusque-là de financer sorties et interventions culturelles dans le 2nd degré. Son arrêt temporaire est ressenti comme un coup d’arrêt pour l’accès à la culture en milieu scolaire.

C'était peut-être le dernier concert "pass culture" de la saison

Crédit : SJ © 2025 Totem

Quand on parle du Pass Culture, on pense le plus souvent aux 50 à 150 euros attribués à des fins culturels, aux jeunes de 15 à 18 ans. Mais il y a aussi dans le dispositif, une part collective. Depuis 2021, elles permet aux collèges et lycées de financer les sorties culturelles, les interventions artistiques.


Pourtant depuis fin janvier, le pass culture collectif est en veille. Visiblement victime de son succès et trop coûteux, une évaluation du dispositif a été lancée par le Ministère de l’Education Nationale.


 


Dernier concert « pass culture » de l’année ?


Jeudi 13 mars, à Tulle, les collégiens de Victor-Hugo ont profité (gel du dispositif oblige) de leur dernière sortie « Pass Culture » de l’année scolaire. Il y avait au total une centaine de jeunes, des élèves de Victor Hugo mais aussi d’un IME et d’autres du lycée Agricole de Naves. Tous ont assisté, en presque concert privé, d’une prestation du groupe « les fils du facteur », un concert traduit en LSF (langue des signes française)


« J’accompagne des élèves en CAP Agricole » explique Emmanuelle Duma, enseignante en éducation socioculturelle au lycée agricole de Naves, « Je pense que pour la plupart d'entre eux, c'est la première fois qu'ils ont l'occasion d'aller à un concert ».


 


« Probablement la fin des projets culturels »


Au lycée Agricole de Naves, le Pass Culture a aussi permis la venue au sein de l’établissement d’un écrivain ou encore d’un artiste de rue.


 



« L'impact que va avoir l'arrêt du pass Culture ?  Bah c'est probablement la fin de ces projets » explique l’enseignante. « Moi je travaille en lycée agricole, on a beaucoup d'élèves qui sont, soit issus du milieu rural, soit issus de milieux aller voir un spectacle ou rencontrer des artistes, ce n'est pas forcément ce qu'on fait facilement. Et pour autant, c'est une façon pour eux, d'avoir un point de vue sur les choses différent, du coup une réflexion différente et ça les leur permet de devenir des des adultes et des citoyens éclairés »



 


Le Pass Culture est aussi un facilitateur : « Parce qu'on ne passe pas du temps à monter les dossiers de demande de subventions qui seront validées ou pas. Le temps, on l'accorde aux élèves et à la rencontre avec les artistes ».


 


Le milieu scolaire impacté...et le milieu culturel ?


Régisseur, Vincent Acampo élu à la CGT spectacle répond : « pour l’Empreinte, la scène nationale Brive-Tulle, le pass Culture collectif représentait 91% des réservations pour les spectacles jeune public alors évidemment que oui, ça va impacter sur le nombre de programmation ». 


 


Pour Benoît Maume, le directeur des lendemains qui chantent : « au delà de l'impact financier, c'est plus la philosophie qui est problématique ; une coupe budgétaire en direction de la culture, c'est jamais un très bon signal, d'autant plus qu’aujourd'hui, les économies de nos lieux sont quand même assez compliquées. Mais ceux qui vont vraiment le plus en souffrir sont les destinataires, la jeunesse et le public scolaire ! »


 


Avec ce gel, une économie d’au moins 22 millions d’euros a été réalisée. 22 millions qui pourraient être à nouveau réinjectés au profit du dispositif en septembre. Mais côté syndical, on s’inquiète du discours ambiant sur l’effort de défense alors, jeudi 20 mars, au milieu d’une journée nationale de mobilisation des retraités, le monde de la culture est aussi appelé à faire grève.

Titre :Aux Lendemains, c'était peut-être le dernier concert "pass culture" de la saison

Crédit :Stéphane Jacquemin © 2025 Totem